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philosophie - Rectorat de l'Académie de Nantes
"passe ton bac d'abord ".
La quête de la vérité est le but même de la philosophie. Le Vrai constitue pour Platon, avec le Beau et le Bien, une valeur absolue.
Mais qu’est-ce que la vérité et comment y accéder puisqu’on ne peut la confondre avec la réalité ?
Avant de parler de la vérité , quelques mots sur la réalité : La réalité n’est ni vraie ni fausse. Elle EST .
Toutefois ma perception de la réalité peut être la proie de l’illusion ; celle-ci peut être due à de multiples facteurs…
(1906-1998), philosophe, logicien et collectionneur d’art américain.
Il n’existe pas d’œil innocent. C’est toujours vieilli que l’œil aborde son activité, obsédé par son propre passé et par les insinuations anciennes et récentes de l’oreille, du nez, de la langue, des doigts, du cœur, du cerveau. Il ne fonctionne pas comme un instrument solitaire et doté de sa propre énergie, mais comme un membre soumis d’un organisme complexe et capricieux. Besoins et préjugés ne gouvernent pas seulement sa manière de voir mais aussi le contenu de ce qu’il voit, il choisit, rejette, organise, distingue, associe, classe, analyse, construit. Il saisit et fabrique plutôt qu’il ne reflète ; et les choses qu’il saisit et reflète, il ne les voit pas nues comme autant d’éléments privés d’attributs, mais comme des objets, comme de la nourriture, comme des gens, comme des ennemis, comme des étoiles, comme des armes. Rien n’est vu tout simplement à nu. Nelson Goodman, Langages de l’art , 1968, Ed. Chambon
Un bon lycéen du XXI° siècle en sait plus sur le monde que Descartes, Socrate ou Louis XIV !
Pour autant, il n’est pas plus aisé de définir la notion de vérité ! D’ailleurs existe-t-elle ?
En général, on définit la vérité comme une adéquation entre une chose et ce qu’on en dit, entre la pensée (ou le discours) et le réel.
La réalité est une notion ontologique (du côté de l’être) alors que la vérité est une notion logique (du côté du langage, de la connaissance) : Seule une chose peut être réelle ; Seul un énoncé peut être vrai.
On peut donc parler de vérité lorsqu’il y a adéquation entre la pensée et son objet ou comme dit plus prudemment Russell entre la croyance et le fait (parce qu’encore faudrait-il que la chose ou le fait soient vraiment ce qu’ils sont !)
La vérité est une abstraction (il n’y a que des faits ou des énoncés vrais). Mais sans cette abstraction, nous ne pouvons penser !
Certains affirment que la vérité n’existe pas : si c’est le cas, tous les discours se valent et plus aucune différence entre un délire et une démonstration, entre une hallucination et une perception, entre une connaissance et une superstition…bref on ne pourrait être ni sincère ni menteur, ni raisonnable ni déraisonnable.
Parce que si rien n’est vrai, comme l’écrivait Nietzsche ? : « Qu’un jugement soit faux, ce n’est pas, à notre avis, une objection contre ce jugement » ( Par-delà le bien et le mal, I, 4) , que reste-t-il à vivre et à penser ? Car si tout se vaut… rien ne vaut ! S’il n’y a que des interprétations, alors il n’y a plus que des discours. S’il n’y a pas de vérité, je peux donc penser n’importe quoi mais si je pense n’importe quoi… précisément je ne pense plus !
Mais dès lors qu’une seule erreur est reconnue (notamment en science) , ou un mensonge révélé, alors est confirmée l’idée de vérité.
Cette vérité est parfois cachée mais elle est néanmoins une vérité !Entre l’époque ou l’on pensait la terre plate et aujourd’hui, ce n’est pas la vérité qui a changé ; c’est la connaissance que nous en avons. La terre était déjà ronde quand les hommes la pensaient plate !
Pascal le disait déjà au XVIIème : « la vérité doit toujours avoir l’avantage, quoique nouvellement découverte, puisqu’elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu’on en a eues, et que ce serait ignorer sa nature que de s’imaginer qu’elle ait commencé d’être au temps qu’elle a commencé d’être connue » (Sur le traité du vide).
La vérité n’a pas besoin d’être connue pour être vraie (Frege)
Dès lors, si elle n’est pas révélée comme dans la religion, elle doit être démontrée.
D’un point de vue théorique, la vérité s’oppose à l’erreur et à l’illusion .
La fausseté et l’erreur ne sont pas le mensonge . Le mensonge est une notion morale, qui implique l’intention de tromper. Ce qui n’est le cas ni dans l’erreur ni dans l’illusion.
La croyance est une adhésion à une « vérité » supposée … Une adhésion sans preuves et qu’on prend pour vrai. On valide une représentation ou un état de choses, malgré l’absence de preuves.Paradoxalement, « la certitude est, à proprement parler, ce qui constitue l’un des aspects essentiels de la croyance ». Eric Weil, Logique de la philosophie
Pour vivre, il faut agir, et pour cela il faut croire, faire confiance. D’une manière générale, toute action exigée par la vie est une forme de pari. Pendant toute notre vie nous parions. «Si je vais à la gare prendre un train je parie sur le fait que le train sera à l’heure. Si je mange des champignons je parie sur le fait qu’ils ne sont pas vénéneux » écrit Pascal Engel dans son article, Les croyances.
P enseur politique, historien et écrivain français. Il est célèbre pour ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l’évolution des démocraties occidentales en général.
Si l’homme était forcé de se prouver à lui-même toutes les vérités dont il se sert chaque jour, il n’en finirait point; il s’épuiserait en démonstrations préliminaires sans avancer; comme il n’a pas le temps, à cause du court espace de la vie, ni la faculté, à cause des bornes de son esprit, d’en agir ainsi, il en est réduit à tenir pour assurés une foule de faits et d’opinions qu’il n’a eu ni le loisir ni le pouvoir d’examiner et de vérifier par lui-même, mais que de plus habiles ont trouvé ou que la foule adopte. C’est sur ce premier fondement qu’il élève lui- même l’édifice de ses propres pensées. Ce n’est pas sa volonté qui l’amène à procéder de cette manière; la loi inflexible de sa condition l’y contraint. « Il n’y a pas de si grand philosophe dans le monde qui ne croie un million de choses sur la foi d’autrui, et ne suppose beaucoup plus de vérités qu’il n’en établit. Ceci est non seulement nécessaire, mais désirable. (…) Il faut donc que, parmi les divers objets des opinions humaines, il fasse un choix et qu’il adopte beaucoup de croyances sans les discuter, afin d’en mieux approfondir un petit nombre dont il s’est réservé l’examen. Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1835-1840), t. II, 1ère partie
Qu’est-ce qu’une opinion ?
C’est une affirmation qui est acceptée pour vrai sans qu’il ait été vérifié que l’énoncé est vrai ou faux.
L’opinion se rapproche du préjugé, de l’idée toute faite à laquelle on adhère sans précisément savoir pourquoi. C’est la doxa (au sens d’opinion commune).
L’opinion est une croyance dans la mesure où elle est une «affirmation non fondée en raison».
Et pourtant, elle est d’une grande force et certains d’entre nous seraient prêts à mourir pour défendre leurs «opinions».
La force de l’opinion peut venir de ce qu’elle est partagée par un grand nombre d’individus. Le nombre lui donne autorité…Mais comme disait Gandhi, «ce n’est pas parce qu’une erreur est partagée par le plus grand nombre qu’elle devient une vérité»…
Elle peut venir aussi de ce qu’elle sert parfois nos désirs, nos volontés. Pourquoi alors la remettrions-nous en question ? Sortir de la caverne est douloureux et si nous nous trouvons bien là où nous sommes, pourquoi irions nous voir ailleurs ? (Voir Matrix aussi).
Nous avons aussi une fâcheuse tendance à nous cacher derrière une autorité religieuse, politique, intellectuelle… Nous donnons à cette autorité le droit de penser à notre place sous prétexte que justement…elle fait autorité dans tel ou tel domaine.
Parfois elle correspond à une coutume, à une vision acquise depuis longtemps : C’est le : «ça a toujours été comme ça !»
Pour éviter de tomber dans le piège de l’opinion, il faudrait appliquer ce précepte des Lumières (Kant) : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement » (Ou si vous préférez, pense par toi-même…). mais cela demande de réels efforts
Tout cela ne veut pas dire que toute opinion est fausse. Mais se souvenir que c’est quelque chose auquel nous adhérons sans pouvoir justifier rationnellement (par la raison) du bien fondé de notre adhésion
Philosophe grec, (env 50-130) Figure majeure du stoïcisme
Voici le point de départ de la philosophie : la conscience du conflit qui met aux prises les hommes entre eux, la recherche de l’origine de ce conflit, la condamnation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte de critique de l’opinion pour déterminer si on a raison de la tenir, l’invention d’une norme, de même que nous avons inventé la balance pour la détermination du poids, ou le cordeau pour distinguer ce qui est droit de ce qui est tordu. Est-ce là le point de départ de la philosophie ? Est juste tout ce qui paraît tel à chacun ? Et comment est-il possible que les opinions qui se contredisent soient justes ? Par conséquent, non pas toutes. Mais celles qui nous paraissent à nous justes ? Pourquoi à nous plutôt qu’aux Syriens, plutôt qu’aux Egyptiens ? Plutôt que celles qui paraissent telles à moi ou à un tel ? Pas plus les unes que les autres. Donc l’opinion de chacun n’est pas suffisante pour déterminer la vérité ». Epictète, Entretiens , II, XI, traduction Guillaume Budé, Les Belles Lettres
La foi est une certitude non rationnelle. Ce n’est pas démontrable et pourtant on a autant (sinon plus) confiance que si ça l’était.
La foi est un engagement lucide. La croyance non.
La foi religieuse, c’est la confiance absolue qu’on accorde à Dieu. Au- delà de la raison.
La croyance, une nécessité ?
“Il faut croire avant toute preuve, il n’y a pas de preuve pour qui ne croit rien » . Alain
Seul l’homme possède des croyances. Une pierre ne croit en rien. « Le caillou n’espère pas, car il vit stupidement dans un perpétuel présent » écrit Sartre.
Bergson , dans Les deux sources de la morale et de la religion , considère que la croyance est une spécificité humaine en cela que l’homme, à la différence de l’animal, ne possède pas l’instinct mais l’intelligence. La croyance serait donc une fonction fabulatrice, créatrice de croyances religieuses, magiques, superstitieuses et des mythes.
Quand le primitif fait appel à une cause mystique pour expliquer la mort, la maladie ou tout autre accident, quelle est au juste l’opération à laquelle il se livre ? Il voit par exemple qu’un homme a été tué par un fragment de rocher qui s’est détaché au cours d’une tempête. Nie-t-il que le rocher ait été déjà fendu, que le vent ait arraché la pierre, que le choc ait brisé un crâne ? Évidemment non. Il constate comme nous l’action de ces causes secondes. Pourquoi donc introduit-il une « cause mystique », telle que la volonté d’un esprit ou d’un sorcier, pour l’ériger en cause principale ? Qu’on y regarde de près : on verra que ce que le primitif explique ici par une cause « surnaturelle », ce n’est pas l’effet physique, c’est sa signification humaine, c’est son importance pour l’homme et plus particulièrement pour un certain homme déterminé, celui que la pierre écrase. Il n’y a rien d’illogique, ni par conséquent de « prélogique », ni même qui témoigne d’une « imperméabilité à l’expérience », dans la croyance qu’une cause doit être proportionnée à son effet, et qu’une fois constatées la fêlure du rocher, la direction et la violence du vent — choses purement physiques et insoucieuses de l’humanité — il reste à expliquer ce fait, capital pour nous, qu’est la mort d’un homme. (…) Si l’effet a une signification humaine considérable, la cause doit avoir une signification au moins égale ; elle est en tout cas de même ordre : c’est une intention. Bergson , Les deux sources de la morale et de la religion
Par ailleurs, la croyance est au centre de la relation avec l’autre. Toute relation nait d’une croyance . Celle-ci peut- être vraie ou fausse. Mais elle existe puisque nous ne pouvons pas tout connaitre de l’autre… La croyance en l’immortalité, ou plutôt en une prolongation de la vie après la mort, est une croyance universelle.
Pour Edgar Morin « Il est impossible de ne pas être frappé par la force et peut-être par l’universalité de la croyance en l’immortalité ».
Alain, de son vrai nom Émile-Auguste Chartier (1868 – 1951) , est un philosophe, journaliste, essayiste et professeur de français.
Croyance : c’est le mot qui désigne toute certitude sans preuve. La foi est la croyance volontaire. La croyance désigne au contraire quelque disposition involontaire à accepter soit une doctrine, soit un jugement, soit un fait. On nomme crédulité une disposition à croire dans ce sens inférieur du mot. Les degrés du croire sont les suivants: Au plus bas, croire par peur ou par désir (on croit aisément ce qu’on désire et ce qu’on craint). Au- dessus, croire par coutume et imitation (croire les rois, les orateurs, les riches). Au-dessus,croire les vieillards, les anciennes coutumes, les traditions. Au-dessus, croire ce que tout le monde croit (que Paris existe même quand on ne le voit pas, que l’Australie existe quoiqu’on ne l’ait jamais vue). Au-dessus, croire ce que les plus savants affirment en accord d’après des preuves que la terre tourne, que les étoiles sont des soleils, que la lune est un astre mort, etc.). Tous ces degrés forment le domaine de la croyance. Quand la croyance est volontaire et jurée d’après la haute idée que l’on se fait du devoir humain, son vrai nom est foi.
Voir cours Religion
a) Vérités de fait
“« Il neige » est une vérité contingente* ; comme “il fait jour/ il fait nuit” ; Puisqu’ à certains moments, cela est faux et à d’autres c’est vrai !! Il faut qu’il y ait adéquation entre la chose et ce que j’en dis : « ce n’est pas parce que nous pensons d’une manière vraie que tu es blanc, que tu es blanc, mais c’est parce que tu es blanc, qu’en disant que tu l’es, nous disons la vérité » Aristote
b) Vérités de raison ou de raisonnement
Elles ne sont pas contingentes mais nécessaires . Elles ne peuvent pas être à la fois juste et fausse : 2+2 =4 est soit vrai soit faux mais pas tantôt l’un et tantôt l’autre.
Une vérité de raison c’est donc lorsque une théorie, un énoncé est vrai par ses relations logiques internes.
c) Vérités subjectives
Elles expriment notre point de vue personnel de sujet sur une chose. C’est la vérité artistique : l’œuvre est un « coin de la création vu à travers un tempérament » (Zola) ; c’est sa vision, son interprétation du monde que l’artiste nous donne à voir. Proust dit qu’ainsi il nous donne à découvrir des mondes que nous n’aurions pas connus : « Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde le notre nous le voyons se multiplier et autant qu’il y a d’artistes originaux autant nous avons de mondes à notre disposition ».
L’art devient alors un moyen de faire varier les points de vue sur le réel et nous « protège » de la vision univoque de la science. Et il est vrai parce qu’il est sincère pour celui qui voit. (Voir Kant)
On l’a vu, les avis divergent…
Pour Nietzche , il y a peut-être mieux à rechercher que la vérité. Car il voit dans la vérité une illusion, un danger majeur : elle masque l’apparence changeante des choses et celui qui ne voit qu’elle ne peut plus multiplier les points de vue et créer et le monde et lui-même. Il est figé.
“Pourquoi, dans la vie de tous les jours, les hommes disent-ils la plupart du temps la vérité ? _ Surement pas parce qu’un dieu a interdit le mensonge. Mais premièrement, parce que c’est plus commode ; car le mensonge réclame invention, dissimulation, et mémoire. Ensuite, parce qu’il est avantageux quand tout se présente simplement, de parler sans détours: Je veux ceci, j’ai fait cela et ainsi de suite; c’est à dire parce que les voies de la contrainte et de l’autorité sont plus sûres que celles de la ruse. Mais s’il arrive qu’un enfant ait été élevé au milieu de complications familiales, il maniera le mensonge tout aussi naturellement et dira toujours involontairement ce qui répond à son intérêt; sens de la vérité, répugnance pour le mensonge en tant que tel lui sont absolument étrangers, et ainsi donc, il ment en toute innocence. L’homme exige la vérité et la réalise dans le commerce moral avec les hommes ; c’est là-dessus que repose toute vie en commun. On anticipe les suites malignes des mensonges réciproques. C’est de là que naît le devoir de vérité. On permet le mensonge au narrateur épique parce qu’ici aucun effet pernicieux n’est à craindre. – Donc là où le mensonge a une valeur agréable, il est permis : la beauté et l’agrément du mensonge à supposer qu’il ne nuise pas. C’est ainsi que le prêtre imagine les mythes de ses dieux : le mensonge justifie la grandeur. (…) Là où l’on ne peut rien savoir de vrai, le mensonge est permis. Tout homme se laisse continuellement tromper la nuit dans le rêve. La tendance à la vérité est une acquisition infiniment plus lente que l’humanité. Notre sentiment historique est quelque chose de tout nouveau dans le monde. Il serait possible qu’il opprime totalement l’art “. F.Nietzsche, Humain trop humain , 1878-1879
Scepticisme Attitude de celui qui refuse de donner son assentiment à une affirmation ou une idée. Le scepticisme a également été une école philosophique dominée par la figure de Pyrrhon (pyrrhonisme) : c’est une suspension du jugement à l’égard de toute vérité. Il existe un scepticisme modéré (Hume).
Suspension du jugement ; aucune démonstration ne permet de trancher : « Nous sommes nous-mêmes partie du procès , c’est-à-dire que chaque animal voit la réalité depuis son corps ( argument sceptique classique). Si les mêmes réalités donnent lieu à des représentations dissemblables selon la diversité des animaux, nous serons en mesure de dire quelle vision de l’objet est la nôtre, mais nous devons suspendre notre jugement sur ce qu’il est effectivement par nature. Nous ne sommes pas en effet en mesure d’établir une juste discrimination entre les représentations qui sont nôtres et celles qui sont propres aux autres animaux, car nous sommes nous-mêmes partie du procès et pour cette raison nous devrions recourir à meilleur juge que nous-mêmes. Et du reste, sans démonstration, nous ne sommes pas en mesure de préférer nos représentations à celles qui sont propres aux animaux dépourvus de raison.
Mais pas d’avantage en recourant à la démonstration : car […] de deux choses l’une : ou bien cette démonstration dont nous parlons apparaît avec évidence, ou bien elle n’apparaît pas. Si justement elle n’apparaît pas, nous ne lui accorderons aucun crédit ; mai si elle nous est représentée comme évidente, comme la question porte sur les représentations[…] propres aux animaux, cette démonstration ne peut se prévaloir que de l’évidence qui nous est propre, à nous qui ne sommes que des animaux, et la question se posera alors de savoir si sa conformité à l’apparence représentée garantit sa vérité.[…] Ainsi donc nous n’aurons pas de démonstration nous permettant de trancher le débat en faveur de nos propres représentations face à celles qui sont propres aux animaux dits privés de raison. Si donc il est impossible de porter un jugement sur la différence des représentations qu’entraîne la diversité des animaux, il est nécessaire de suspendre le jugement à l’égard des objets extérieurs. Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes , Livre I
Philosophe grec (428-427 av. J.-C., à 348-347 av. J.-C.1) contemporain de la démocratie athénienne. Il reprit le travail philosophique de certains de ses prédécesseurs, notamment Socrate, afin d’élaborer sa propre pensée.Son œuvre est composée presque exclusivement de dialogues. Platon distingue deux mondes :le monde sensible (monde des apparences) et le monde intelligible.
Les prisonniers de la caverne de Platon ( La République, livre VII) représentent les hommes qui s’enferment dans un monde d’illusions, victimes de leurs préjugés et de leur ignorance. ` Sortir progressivement de la caverne, c’est franchir les étapes de la connaissance pour passer de l’illusion à la vérité.
TEXTE A – Maintenant représente toi de la façon que voici l’état de notre nature relativement à l’instruction et à l’ignorance. Figure toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent ni bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux et au dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. Figure toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur, et des statuettes d’hommes et d’animaux, en pierre en bois et en toute espèce de matière; naturellement parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent. – Voilà, s’écria Glaucon, un étrange tableau et d’étranges prisonniers. – Ils nous ressemblent; et d’abord, penses-tu que dans une telle situation ils n’aient jamais vu autre chose d’eux mêmes et de leurs voisins que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ? – Et comment, observa Glaucon, s’ils sont forcés de rester la tête immobile durant toute leur vie Et pour les objets qui défilent, n’en est-il pas de même ? – Sans contredit. – Si donc ils pouvaient s’entretenir ensemble ne penses-tu pas qu’ils prendraient pour des objets réels les ombres qu’ils verraient ? – Assurément.
Platon. La République, Livre VII
Le monde de la caverne, c’est le monde sensible. Ces prisonniers (les hommes) ne connaissent que « les ombres des choses » Ils sont donc persuadés qu’il n’existe rien d’autre et que ce qu’ils voient autour d’eux est la réalité. Ils vivent dans l’illusion. Pour Platon le remède consiste à « sortir de la caverne » donc de l’illusion.
– (…) Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes et qu’on les guérisse de leur ignorance. Qu’on détache l’un de ces prisonniers, qu’on le force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous ces mouvements, il souffrira et l’éblouissement l’empêchera de distinguer ces objets dont tout à l’heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu’il répondra si quelqu’un lui vient dire qu’il n’a vue jusqu’alors que de vains fantômes, mais qu’à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ? Si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l’oblige à force de questions, à dire ce que c’est ? Ne penses- tu pas qu’il sera embarrassé, et que les ombres qu’il voyait tout à l’heure lui paraîtront plus vraies que les objets qu’on lui montre maintenant ? Et si on le force à regarder la lumière elle même, ses yeux n’en seront-ils pas blessés? N’en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu’il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernières sont réellement plus distinctes que celles qu’on lui montre? – Assurément ! – Et si on l’arrache de sa caverne par force, qu’on lui fasse gravir la montée rude et escarpée, et qu’on ne le lâche pas avant de l’avoir traîné jusqu’à la lumière du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-il pas de ces violences? Et lorsqu’il sera parvenu à la lumière, pourra-t-il, les yeux tout éblouis par son éclat, distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ? – Il ne le pourra pas, du moins dès l’abord. – Il aura je pense besoin d’habitude pour voir les objets de la région supérieure. D’abord, ce seront les ombres (…)A la fin j’imagine, ce sera le soleil – non ses vaines images réfléchies dans les eaux ou en quelque autre endroit – mais le soleil lui-même à sa vraie place, qu’il pourra voir et contempler tel qu’il est. – Nécessairement ! – Après cela, il en viendra à conclure au sujet du soleil, que c’est lui qui fait les saisons et les années, qui gouverne tout dans le monde visible, et qui, d’une certaine manière est la cause de tout ce qu’il voyait avec ses compagnons dans la caverne. Or donc, se souvenant de sa première demeure, de la sagesse que l’on y professe, et de ceux qui furent ses compagnons de captivité, ne crois-tu pas qu’il se réjouira du changement et plaindra ces derniers? – Si, certes. Platon. La République, Livre VII.
Sortir de la caverne va être douloureux et temporairement aveuglant. Il faut se libérer des préjugés, des idées reçues, des illusions qui nous bercent depuis notre enfance. Quand on quitte l’obscurité, il est impossible de regarder le soleil (la vérité) en face. Il faut une « accoutumance ». Et il s’agit bien sûr d’une métaphore du chemin que l’homme doit parcourir pour arriver à sortir de l’illusion et à accéder à la vérité-réalité. Au départ donc, les prisonniers continuent à considérer comme plus réel les ombres plutôt que ce qu’ils découvrent. Est vrai ce qu’ils ont l’habitude de voir. Idem pour les hommes.
Ainsi à chaque étape de la sortie de la caverne correspond une étape du cheminement humain pour atteindre la vérité.
TEXTE C (…) – Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et aille s’asseoir à son ancienne place : n’aura-t-il pas les yeux aveuglés par les ténèbres en venant brusquement du plein soleil? Et s’il lui faut entrer de nouveau en compétition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n’ont point quitté leurs chaînes, dans le moment où sa vue est encore confuse et avant que ses yeux ne se soient remis (or l’accoutumance à l’obscurité demandera un temps assez long), n’apprêtera-t-il pas à rire à ses dépens, et ne diront-ils pas qu’étant allé là-haut, il en est revenu avec la vue ruinée, de sorte que ce n’est même pas la peine d’essayer d’y monter? Et si quelqu’un tente de les délier et de les conduire en haut, et qu’ils le puissent tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils pas ? Platon. La République, Livre VII.
Pourquoi retourner dans la caverne ? A priori cela n’a aucun intérêt puisque celui qui en est sorti :
– n’est plus dans l’illusion puisqu’il est devenu philosophe (il a découvert la vérité) – ne partagera plus la même réalité avec les prisonniers et ceux-ci ne le croiront pas, le prendront pour un fou ou voudront le tuer. (allusion à Socrate qui fut condamné au suicide en buvant la ciguë car ses juges considéraient que ses idées menaçaient la Cité).
Aristote a caractérisé l’être humain comme un « animal doué de raison » . Descartes, Kant sont rationalistes.
Mais la raison, c’est quoi ?
Considérée comme la faculté humaine par excellence, la raison a pour tâche de lier nos idées , que celles-ci proviennent de nos sens, de notre imagination ou plus largement de nos désirs.
Cette fonction de liaison ou de synthèse s’exprime dans le raisonnement qui est un enchaînement ordonné d’affirmations en vue d’une conclusion valide.
Une simple phrase comme celle-ci : « les nuages arrivent, il faut se presser de rentrer » montre que la raison construit des liens entre des réalités qui n’ont a priori rien à voir : le temps qu’il fait et l’éloignement du domicile.
La raison sera donc la faculté qui permet de s’entendre sur la vérité…
Rationalisme vient de raison. Descartes, Kant sont rationalistes. Pour les rationalistes, l’expérience va s’avérer insuffisante à fonder la connaissance. D’abord parce qu’elle a tendance à généraliser de manière excessive. Ainsi faute de pouvoir expliquer correctement, scientifiquement l’observation de certains phénomènes, nous admettrons une explication qui relèvera non de la raison mais du surnaturel. Or pour les rationalistes, c’est par la raison que nous pouvons décider si ce qui est apporté par l’expérience est vrai ou non. Dans le cas contraire nous sommes le jouet de nos perceptions. La connaissance de ce que sont les corps ne vient pas du corps, des sensations, mais de l’esprit. Les sens nous informent seulement de l’existence de l’objet.
Descartes, Le bâton rompu , Erreur des sens
Quand donc on dit qu’un bâton paraît rompu dans l’eau, à cause de la réfraction, c’est de même que si l’on disait qu’il nous paraît d’une telle façon qu’un enfant jugerait de là qu’il est rompu, et qui fait aussi que, selon les préjugés auxquels nous sommes accoutumés dés notre enfance, nous jugeons la même chose. Mais je ne puis demeurer d’accord de ce que l’on ajoute ensuite, à savoir que « cette erreur n’est point corrigée par l’entendement, mais par le sens de l’attouchement » ; car bien que ce sens nous fasse juger qu’un bâton est droit, et cela par cette façon de juger à laquelle nous sommes accoutumés dès notre enfance, et qui par conséquent peut être appelée sentiment, néanmoins cela ne suffit pas pour corriger l’erreur de la vue, mais outre cela il est besoin que nous ayons quelque raison, qui nous enseigne que nous devons en cette rencontre nous fier plutôt au jugement que nous faisons ensuite de l’attouchement, qu’à celui où semble nous porter le sens de la vue ; laquelle raison n’ayant point été en nous dès notre enfance, ne peut être attribuée au sens, mais au seul entendement ; et partant, dans cet exemple même, c’est l’entendement seul qui corrige l’erreur du sens, et il est impossible d’en apporter jamais aucun, dans lequel l’erreur vienne pour s’être plus fié à l’opération de l’esprit qu’à la perception des sens. DESCARTES, Sixièmes Réponses aux Objections adressées aux Méditations métaphysiques, IX
Mathématicien, physicien et philosophe français. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la philosophie moderne
On dit de quelqu’un qu’il a un esprit « cartésien » pour signifier qu’il s’agit d’une personne à esprit logique, rigoureux, qui n’admet rien sans examen et sans preuves. Cet adjectif vient de Descartes et de sa démarche.
Pourquoi Descartes cherche-il la vérité ? Pour atteindre la connaissance de la réalité, qui nous permettra de faire les bons choix, d’adhérer aux bonnes causes et de vivre mieux.
Or pour Descartes, il n’est qu’un moyen de parvenir à la vérité, c’est la raison. Elle est la faculté de réfléchir et de relier des propositions entre-elles de sorte qu’elles forment un ensemble cohérent. La raison nous pousse à chercher des raisons, c’est-à-dire des explications, des justifications, des preuves.
Pour Descartes, c’est le doute lui-même qui est notre meilleur allié pour atteindre la vérité.
La raison doit douter de tout, aussi loin que possible, jusqu’à ce que précisément, elle ne puisse plus douter. C’est au doute méthodique que nous invite Descartes. Et ce doute méthodique va paradoxalement aboutir à l’évidence de la vérité.
La démarche de Descartes : L’instrument que va utiliser Descartes est le doute méthodique.
Dans la 2ème Méditation Descartes écrit : « Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n’a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; je pense n’avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain. »
J’existe par l’action même de douter. C’est l’évidence (la vérité première » du cogito : « cogito ergo sum » ou « je pense donc je suis ».
Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu’il n’y avait aucune chose qui fût telle qu’ils nous la font imaginer. Et parce qu’il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que j’étais sujet à faillir, autant qu’aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j’avais prises auparavant pour démonstrations. Et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées, que nous avons étant éveillés, nous peuvent aussi venir, quand nous dormons, sans qu’il y en ait aucune, pour lors, qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m’étaient jamais entrées en l’esprit n’étaient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais, aussitôt après, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée , que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.
Descartes, Discours de la méthode (1637), quatrième partie
Sources de la connaissance selon Descartes
L’Empirisme : (empeiros vient du grec et signifie « expérience »)
En philosophie, le terme « empirisme » désigne un courant de pensée très ancien, mais particulierement présent aux 17ème et 18ème siècles.
Sous l’influence de John Locke (qui remet en cause la doctrine des idées de Descartes) et de Isaac Newton nait un courant de pensée qui s’oppose au rationalisme : l’empirisme moderne dont les principaux représentants sont Locke et Hume.
L’empirisme considère que la connaissance est fondée sur l’expérience (et non sur la raison) A partir des données apportées par les sens et la répétition de certains phénomènes, l’esprit progresserait dans la vérité.
L’opposition entre empirisme et rationalisme reposerait alors sur un désaccord concernant la source de la connaissance : tandis que pour l’empirisme , celle-ci dérive essentiellement de l’expérience sensible , pour le rationalisme elle n’est au contraire rendue possible et garantie que par la raison (indépendante de l’expérience).
Peut-on acquérir la vérité au contact direct d’une réalité qui serait inaccessible par la pensée théorique ? Pas sûr ! L’expérience peut être trompeuse…Alors à quelles conditions s’y fier ?
Le mot « expérience » vient du latin experire, « éprouver ».
L’expérience est-elle suffisante ? En effet, une expérience même répétée, ne permet pas de dégager des lois générales. J’ai bien observé qu’au mois d’aout, vers le 8-9, il y a beaucoup d’étoiles filantes…je ne peux pas pour autant comprendre et expliquer pourquoi !
L’expérience est subjective, dépendantes des conditions de perception de l’observateur. Or ces conditions de perceptions sont-elles fiables ? Au loin, deux objets peuvent paraitre proches même s’ils ne le sont pas.
Philosophe, économiste et historien, est l’un des plus importants penseurs des Lumières écossaises (avec Adam Smith ). Fondateur de l’empirisme moderne (avec Locke et Berkeley) il s’opposa tout particulièrement à Descartes
Pour Hume la connaissance se construit sur le fait que nous généralisons ce que nous observons (C‘est une démarche inductive)
Tous les objets de la raison humaine ou de nos recherches peuvent se diviser en deux genres, à savoir les relations d’idées et les faits. Du premier genre sont les sciences de la géométrie, de l’algèbre et de l’arithmétique et, en bref, toute affirmation qui est intuitivement ou démonstrativement certaine. Le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés, cette proposition exprime une relation entre ces figures. Trois fois cinq est égal à la moitié de trente exprime une relation entre ces nombres. Les propositions de ce genre, on peut les découvrir par la seule opération de la pensée, sans dépendre de rien de ce qui existe dans l’univers. Même s’il n’y avait jamais eu de cercle ou de carré dans la nature, les vérités démontrées par Euclide conserveraient pour toujours leur certitude et leur évidence [1] . Les faits, qui sont les seconds objets de la raison humaine, on ne les établit pas de la même manière ; et l’évidence de leur vérité, aussi grande qu’elle soit, n’est pas d’une nature semblable à la précédente. Le contraire d’un fait quelconque est toujours possible, car il n’implique pas contradiction et l’esprit le conçoit aussi facilement et aussi distinctement que s’il concordait pleinement avec la réalité. Le soleil ne se lèvera pas demain, cette proposition n’est pas moins intelligible et elle n’implique pas plus la contradiction que l’affirmation : il se lèvera. Nous tenterions donc en vain d’en démontrer la fausseté. Si elle était démonstrativement fausse, elle impliquerait contradiction et l’esprit ne pourrait jamais la concevoir distinctement . Hume. Enquête sur l’entendement humain. 1748. trad. A Leroy. [1] En ce qui concerne l’évidence dont parle Hume, elle diffère de l ‘intuition cartésienne (où l’on conçoit une idée de manière si claire et distincte que sa vérité apparaît évidente) pour Hume cela correspond à une certitude logique, la perception d’un rapport nécessaire entre deux propositions.
Hume divise “tous les objets de la raison humaine” en “deux genres” :
Les relations d’idées : sciences mathématiques (géométrie, algèbre, arithmétique), elles sont établies par des démonstrations et selon des déductions nécessaires ; elles sont vraies indépendamment de l’expérience car “on peut les découvrir par la seule opération de la pensée”. La vérité de ces propositions découlent de leur relation .
Les faits : ( toutes les autres sciences). Ils dépendent de l’expérience et ils pourraient ne pas être, ils sont donc contingents. Le contraire d’un fait qui s’est toujours produit jusqu’à présent peut tout à fait survenir dans le futur : “le contraire d’un fait n’implique pas contradiction” . Hume prend l’exemple le plus régulier possible pour se faire comprendre, celui du lever du soleil : “le soleil ne se lèvera pas demain” ou son contraire “le soleil se lèvera” sont deux possibilités au moment où l’on parle. Si nous oublions qu’il est possible qu’il ne se lève pas, c’est parce que nous avons vu chaque jour le soleil se lever. La répétition devenue habitude est ce qui engendre la croyance en la causalité. (Cf la dinde de Russel)
En fin de compte, Hume montre que nous ne pouvons jamais être certain qu’un fait se produise conformément à ce que nous avons vécu jusque-là. Nous ne pouvons pas avoir le même degré de certitude sur ce fait que pour les relations logiques.
Il y a donc chez lui un certain scepticisme : il faut se contenter d’une vérité probable pour ce qui concerne les faits. A ses yeux, la connaissance scientifique se rapproche davantage de la croyance que de la certitude mathématique.
Que toute notre connaissance commence avec l’expérience, cela ne soulève aucun doute. En effet, par quoi notre pouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n’est par des objets qui frappent nos sens et qui, d’une part, produisent par eux-mêmes des représentations et d’autre part, mettent en mouvement notre faculté intellectuelle, afin qu’elle compare, lie ou sépare ces représentations, et travaille ainsi la matière brute des impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu’on nomme l’expérience ? Ainsi, chronologiquement, aucune connaissance ne précède en nous l’expérience, c’est avec elle que toutes commencent. Mais si toute notre connaissance débute avec l’expérience, cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fût un composé de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par des impressions sensibles) produit de lui-même. Emmanuel Kant, Critique de la Raison pure, 1787
Pour Kant, l’empirisme ne suffit pas pour atteindre la vérité.
Le philosophe B. Russell (1872-1970), philosophe empiriste mais conscient des limites de l’empirisme utilise le destin tragique d’une dinde pour montrer que celui qui croit que l’expérience est la seule source de la connaissance se trompe :
« Une dinde arrive dans une ferme, est nourrie tous les jours à 9h. En bonne inductiviste elle recueille un grand nombre de données (jour, climat,…) pour établir une conclusion quant à l’heure des repas des dindes. Elle finit par conclure qu’elle est toujours nourrie à 9h du matin,… jusqu’à la veille de Noël où on lui tranche le cou. » La dinde avait donc, à tort, pratiqué exclusivement la méthode inductive… et avait sans doute pensé que le fermier est à son égard bien intentionné puisque chaque jour il lui apporte du grain. Elle en a sans doute conclu que le retour quotidien d’une ration alimentaire gentiment apportée par le fermier est une « loi de la nature ». Mais bon…Les choses se sont passées autrement !
Ce que dit Russel c’est que nous ne pouvons nous reposer sur la seule expérience pour établir des certitudes indubitables. La nature, en effet, ne nous fournit pas la réponse à la question : « Pourquoi les lois sont-elles constantes ? » Sur ce point, ce sont Descartes et Kant qui ont raison. Si elle n’est pas éclairée par l’intelligence ni soutenue par le raisonnement, l’expérience ne nous fournit que des informations incertaines et foncièrement ambiguës. Car s’il y a bien une cause, celle que nous voyons n’est pas nécessairement « la cause ».nous ne pouvons donc pas affirmer que nous connaissons lacause de la cause, c’est-à-dire une loi de la nature.
Le mensonge n’est pas toujours le contraire de la vérité.
C’est un décalage volontaire entre ce que je pense et ce que je dis, entre ce qui est et ce que j’en dis.
Il faut opposer au mensonge la véracité et non la vérité !
Ment donc qui a une chose dans l’esprit, et en avance une autre, au moyen de mots ou de n’importe quel autre type de signes. Aussi dit-on également que le cœur du menteur est double, c’est-à-dire que sa pensée est double, car elle embrasse ce qu’il sait être vrai et ne dit pas, et, en même temps, ce qu’il avance à sa place, tout en sachant ou en pensant que c’est faux. Aussi est-il possible de dire le faux sans mentir si l’on pense qu’il en va comme on le dit, bien qu’il n’en aille pas ainsi, et de mentir en disant le vrai, bien qu’en fait il en aille comme on le dit. On juge en effet qui ment et qui ne ment pas en fonction de la disposition d’esprit, et non de la vérité ou de l’inexactitude des faits eux-mêmes. Augustin, Le Mensonge
Pour autant que l’individu tient à se conserver face à d’autres, il n’utilise son intelligence le plus souvent qu’aux fins de la dissimulation, dans l’état de nature. Mais dans la mesure où l’homme à la fois par nécessité et par ennui veut vivre en société et en troupeau, il lui est nécessaire de conclure la paix et de faire en sorte, conformément à ce traité, qu’au moins l’aspect le plus brutal du bellum omnium contra omnes [1] disparaisse de son monde. Or ce traité de paix apporte quelque chose comme un premier pas en vue de cet énigmatique instinct de vérité. En effet, ce qui désormais doit être la « vérité » est alors fixé, c’est-à-dire qu’il est découvert une désignation uniformément valable et contraignante des choses. […] À cette occasion et pour la première fois, apparaît une opposition entre la vérité et le mensonge. Le menteur utilise les désignations pertinentes, les mots, pour faire apparaître réel l’irréel ; il dit par exemple : « je suis riche », alors que pour qualifier son état c’est justement « pauvre » qui serait la désignation correcte. Il mésuse des conventions établies en opérant des substitutions arbitraires ou même en inversant les noms. S’il agit ainsi de façon intéressée et, de plus, préjudiciable, la société ne lui fera plus confiance et par là même l’exclura. En l’occurrence, les hommes fuient moins le mensonge que le préjudice provoqué par un mensonge. Fondamentalement, ils ne haïssent pas l’illusion, mais les conséquences fâcheuses et néfastes de certains types d’illusions. C’est seulement dans ce sens ainsi restreint que l’homme veut la vérité. Il désire les suites favorables de la vérité, celles qui conservent l’existence ; mais il est indifférent à l’égard de la connaissance pure et sans conséquence, et il est même hostile aux vérités qui peuvent être préjudiciables ou destructrices. Friedrich Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral ,1873 [1] Guerre de tous contre tous
Kant et Constant n’ont pas du tout la même conception du mensonge. Si Kant considère que dire la vérité est un devoir absolu, Benjamin Constant considère mentir est nécessaire pour maintenir la vie sociale.
Situation : « Un de mes amis, poursuivi par des malfaiteurs, se réfugie chez moi. Les malfaiteurs frappent à ma porte et me demandent si j’ai accueilli cet ami. Est-il juste de leur mentir ? Deux réactions différentes !
Romancier, homme politique, et intellectuel engagé français d’origine suisse.
Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris d’une manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu’a tirées de ce premier principe un philosophe allemand, qui va jusqu’à prétendre qu’envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu’ils poursuivent n’est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime… »
Constant, Des réactions politiques ,1796
La véracité dans les déclarations que l’on ne peut éviter est le devoir formel de l’homme envers chacun, quelque grave inconvénient qu’il en puisse résulter pour lui ou pour un autre(…). Il suffit donc de définir le mensonge une déclaration volontairement fausse faite à un autre homme (…) Il est possible qu’après que vous avez loyalement répondu oui au meurtrier qui vous demandait si son ennemi était dans la maison, celui-ci en sorte inaperçu et échappe ainsi aux mains de l’assassin, de telle sorte que le crime n’ait pas lieu ; mais, si vous avez menti en disant qu’il n’était pas à la maison et qu’étant réellement sorti (à votre insu) il soit rencontré par le meurtrier, qui commette son crime sur lui, alors vous pouvez être justement accusé d’avoir causé sa mort. En effet, si vous aviez dit la vérité, comme vous la saviez, peut-être le meurtrier, en cherchant son ennemi dans la maison, eût-il été saisi par des voisins accourus à temps, et le crime n’aurait-il pas eu lieu. Celui donc qui ment, quelque généreuse que puisse être son intention, doit, même devant le tribunal civil, encourir la responsabilité de son mensonge et porter la peine des conséquences,si imprévues qu’elles puissent être. C’est que la véracité est un devoir qui doit être regardé comme la base de tous les devoirs fondés sur un contrat, et que, si l’on admet la moindre exception dans la loi de ces devoirs, on la rend chancelante et inutile. C’est donc un ordre sacré de la raison, un ordre qui n’admet pas de condition, et qu’aucun inconvénient ne saurait restreindre, que celui qui nous prescrit d’être véridiques (loyaux) dans toutes nos déclarations. Emmanuel Kant, D’un prétendu droit de mentir par humanité , 1797
Vladimir Jankélévitch (1903-1985). Philosophe et musicologue français Toute vérité n’est pas bonne à dire ; on ne répond pas à toutes les questions, du moins on ne dit pas n’importe quoi à n’importe qui il y a des vérités qu’il faut manier avec des précautions infinies, à travers toutes sortes d’euphémismes et d’astucieuses périphrases ; l’esprit ne se pose sur elles qu’en décrivant de grands cercles, comme un oiseau. Mais cela est encore peu dire : il y a un temps pour chaque vérité, une loi d’opportunité qui est au principe même de l’initiation ; avant il est trop tôt, après il est trop tard. (…) Ce n’est pas tout de dire la vérité, « toute la vérité », n’importe quand, comme une brute : l’articulation de la vérité veut être graduée ; on l’administre comme un élixir puissant et qui peut être mortel, en augmentant la dose chaque jour, pour laisser à l’esprit le temps de s’habituer. La première fois, par exemple, on racontera une histoire ; plus tard on dévoilera le sens ésotérique1 de l’allégorie2. C’est ainsi qu’il y a une histoire de saint Louis pour les enfants, une autre pour les adolescents et une troisième pour les chartistes3 ; à chaque âge sa version ; car la pensée, en mûrissant, va de la lettre à l’esprit et traverse successivement des plans de vérité de plus en plus ésotériques.
Jankélévitch, L’ironie,1936
La vie est belle.
Résumé Guido, le magicien A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Guido se rend à Arrezzo, en Italie, pour y trouver du travail. En chemin, il rencontre Dora, dont il tombe immédiatement amoureux. A force d’attentions, il conquiert le coeur de la belle institutrice, qui s’enfuit avec lui le jour de ses noces, prévues avec un fonctionnaire prétentieux. Quelques années plus tard, Guido, qui est juif, est arrêté avec Giosué, son jeune fils, et déporté. Dora, se sacrifiant, monte dans le train qui les emmène. Dans le camp de concentration, Guido invente toutes sortes de stratagèmes pour faire croire à Giosué que tout cela n’est qu’un jeu, à la fin duquel il pourra gagner un char grandeur nature… Source Télérama, Critique du 22/04/2017- Par Jean-Claude Loiseau »
Film de Roberto Benigni, 1997
La vérité scientifique est la seule qui reconnaisse qu’elle est faillible
En science , on parlera d’expérimentation et non d’expérience
On l’appelle expérimentation pour la différencier de l’expérience commune.
Expérience commune :
Expérimentation scientifique
Alors que l’expérience sensible nous est donnée immédiatement, l’expérimentation, elle, est construite. Elle suppose au préalable un travail théorique (par la raison) : elle n’a en science qu’une fonction de confirmation ou d’infirmation d’hypothèses théoriques
On pourrait alors soutenir, avec Karl Popper, que les sciences expérimentales ne reçoivent qu’un enseignement négatif de l’expérience: l’expérimentation est incapable de prouver qu’une théorie est vraie, elle pourra seulement montrer qu’elle n’est pas fausse , c’est-à-dire qu’on ne lui a pas encore trouvé d’exception.
En d’autres termes, l’expérience a en science un rôle réfutateur de la théorie, qui n’est jamais entièrement vérifiable : c’est la thèse de la « falsifiabilité » des théories scientifiques.
Sir Karl Raimund Popper ( 1902 -1994) à Londres (Croydon), est l’un des plus influents philosophes des sciences du XXe siècle. Il invente la réfutabilité comme critère de démarcation entre science et pseudo-science.
L’expérience scientifique est souvent conçue comme la vérification d’une théorie. Les théories scientifiques sont provisoires dans la mesure ou elles peuvent être remises en cause. Leur validité est relative puisque toute théorie scientifique est « falsifiable », (Popper) car elle peut être contredite voire niée par une observation ou une expérimentation postérieure ou parallèle. Et c’est paradoxalement ce qui fait avancer la science
Qu’est-ce qu’une théorie scientifique ?
Le progrès de la science consiste en essais, en élimination des erreurs, et en de nouveaux essais guidés par l’expérience acquise au cours des essais et erreurs précédents. Aucune théorie particulière ne peut jamais être considérée comme absolument certaine : toute théorie peut devenir problématique, si bien corroborée qu’elle puisse paraître aujourd’hui. Aucune théorie scientifique n’est sacro-sainte ni au-dessus de toute critique. [… C’est la tâche du scientifique que de continuer toujours de soumettre sa théorie à de nouveaux tests, et que l’on ne doit jamais déclarer qu’une théorie est définitive. Tester consiste à choisir la théorie à tester, à la combiner avec tous les types possibles de conditions initiales comme avec d’autres théories, et à comparer alors les prédictions qui en résultent avec la réalité. Si ceci conduit au désaveu de nos attentes, à des réfutations, il nous faut alors rebâtir notre théorie. Le désaveu de certaines de nos attentes, à l’aide desquelles nous avons une fois déjà passionnément tenté d’approcher la réalité, joue un rôle capital dans cette procédure. On peut le comparer à l’expérience d’un aveugle qui touche, ou heurte, un obstacle et prend ainsi conscience de son existence. C’est à travers la falsification de nos suppositions que nous entrons en contact effectif avec la « réalité ». La découverte et l’élimination de nos erreurs sont le seul moyen de constituer cette expérience « positive » que nous retirons de la réalité. Karl Popper, La Connaissance objective, « Appendice 1 » (1979 Éd. Flammarion)
“C’est en réalité tout notre système de conjectures qui doit être prouvé ou réfuté par l’expérience. Aucune de ces suppositions ne peut être isolée pour être examinée séparément. Dans le cas des planètes qui se meuvent autour du soleil, on trouve que le système de la mécanique est remarquablement opérant. Nous pouvons néanmoins imaginer un autre système, basé sur des suppositions différentes, qui soit opérant au même degré. Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire, uniquement déterminés par le monde extérieur. Dans l’effort que nous faisons pour comprendre le monde, nous ressemblons quelque peu à l’homme qui essaie de comprendre le mécanisme d’une montre fermée. Il voit le cadran et les aiguilles en mouvement, il entend le tic-tac, mais il n’a aucun moyen d’ouvrir le boîtier. S’il est ingénieux il pourra se former quelque image du mécanisme, qu’il rendra responsable de tout ce qu’il observe, mais il ne sera jamais sûr que son image soit la seule capable d’expliquer ses observations. Il ne sera jamais en état de comparer son image avec le mécanisme réel, et il ne peut même pas se représenter la possibilité ou la signification d’une telle comparaison. Mais le chercheur croit certainement qu’à mesure que ses connaissances s’accroîtront, son image de la réalité deviendra de plus en plus simple et expliquera des domaines de plus en plus étendus de ses impressions sensibles. Il pourra aussi croire à l’existence d’une limite idéale de la connaissance que l’esprit humain peut atteindre. Il pourra appeler cette limite idéale la vérité objective.” Albert Einstein et Léopold Infeld L’évolution des idées en physique
Film de science-fiction réalisé par les frères Andy et Larry Wachowski et sorti en 1999. Il est le premier volet d’une trilogie qui se poursuivra avec les films Matrix Reloaded et Matrix Revolutions.
Morpheus à Neo « As-tu déjà fait un rêve qui te semblait plus vrai que la réalité? Si tu ne sortais plus de ce rêve, comment ferais-tu la différence entre le rêve et la réalité? »
« Bien sûr, je sais que ce steak n’existe pas. Je sais que lorsque je le porte à ma bouche, la Matrice dit à mon cerveau qu’il est juteux et délicieux. Mais au terme de neuf années, savez-vous ce que j’ai compris ? L’ignorance c’est le bonheur. »
Thomas Anderson, programmeur dans un service administrateur, est également un grand pirate informatique connu sous le nom de Neo. Il est hanté par ses rêves, qui le forcent à se poser une question qu’il ne comprend pas : “Qu’est ce que la matrice ?”. Mais voilà qu’un jour, Thomas a une réponse à sa question. Il rencontre un dénommé Morpheus qui lui explique que le monde dans lequel il vit n’existe pas, que c’est un monde virtuel appellé la Matrice, contrôlée par des machines. Persuadé que Neo est l’Elu dont parle sa prophétie, Morpheus entame avec lui sa lutte contre la Matrice et ses agents que rien ne semble pouvoir arrêter. Le film exprime l’idée que les machines ont pris le pouvoir sur la Terre, et qu’elles nous cultivent. Capables de nous mettre au monde sans avoir besoin d’autres humains, elles créent des champs entiers d’humains et les contrôlent totalement. Pour acquérir ce contrôle, rien de plus simple : elles nous font croire que le monde dans lequel on vit est un monde irréprochable, une perfection illusoire qu’elles nous mettent devant les yeux. C’est ce monde idéal, créé de toutes pièces, qui est appellé Matrice. Le monde réel, quant à lui, est dévasté et une mince poignée de survivants tentent vainement de rétablir la liberté dont les hommes ne jouissent plus. Mais ça n’est pas si simple, car les humains n’ont aucune connaissance de ce fait, et surtout ils se complaisent dans ce monde imaginaire où ils se sentent bien et protégés, en sécurité.
« La plupart ne supporteraient pas d’être débranchés, certains sont tellement dépendants du système qu’ils iraient jusqu’à se battre pour le protéger. » Morpheus
Quels liens peut-on faire entre Matrix et l’allégorie de la caverne de Platon ?
Pour ceux qui connaissent, il y a un autre exemple intéressant, c’est The Truman show.
Truman Show, film réalisé par Peter Weir et sorti en 1998. Dans ce long métrage, Truman, interprété par Jim Carrey, est victime depuis sa naissance d’une incroyable supercherie. Il est le héros malgré lui d’une gigantesque émission de téléréalité. Ses parents, sa femme, ses amis, tous sont des acteurs rémunérés pour le duper et l’univers de pacotille dans lequel il évolue est celui d’un studio géant de télévision.
https://www.youtube.com/watch?v=PlKowBKrVuI
https://www.youtube.com/watch?v=H73Fd-TrfPc
LA VERITE AU BAC avec…
Sujet en ligne (Podcast) :
Peut-on soutenir que la vérité n’existe pas ?
Le rationalisme cartésien « je pense donc je suis »-y a-t-il un sens à débattre de la véritéfaut-il démontrer pour savoir faut-il toujours dire la vérité raison, vérité, croyance et opinion -, dissertations, commentaires sur la connaissance en philosophie.
Dissertations philosophiques
douter, est-ce renoncer à la vérité ?
Peut-on douter de tout?
Toute démonstration est-elle scientifique ?
Peut-on renoncer à la vérité?
Le mensonge est-il admissible en certaines circonstances?
Toute vérité est-elle définitive?
Y a-t-il un mauvais usage de la raison ?
Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ? corrigé dissertation 2
L'expérience est-elle suffisante pour avoir une connaissance sur quelque chose ?
L'expérience se réduit-elle au vécu?
Suffit-il d’observer pour connaître ?
Faut il opposer l'esprit et la matière?
La raison suffit-elle à connaître le réel? Correction de la dissertation série S Washington 2019 Pondichéry 2019, série S - Les vérités scientifiques sont-elles indiscutables ?
Faut-il préférer la vérité à son bonheur ?
Commentaires philosophiques
MILL, Système de logique, 1843
quelle est la différence entre les phénomènes de la société et les phénomènes scientifiques ?
Mill, De la liberté ?
comment expliquer le fait qu'il y ait des opinions majoritairement rationnelles ?
Alain, Mars ou la guerre jugée
ALAIN,Mars ou la guerre jugée, étude d'un extrait du bac 2017, Washington ES
Bergson La pensée et le mouvant
"Il faut un hasard heureux.....à cette époque comme faits"
"Qu’est-ce qu’un jugement vrai ? ... ne reproduit rien"
Descartes, Méditations, II
Analyse du morceau de cire
La vérité (du latin veritas , « vérité », dérivé de verus , « vrai ») est la correspondance entre une proposition et la réalité à laquelle cette proposition réfère - La première définition de la vérité repose sur la correspondance entre un énoncé, qui est dit « vrai », et la réalité. La vérité = adéquation entre la réalité et l'homme qui la pense. Un énoncé est vrai seulement s'il correspond à la chose à laquelle il réfère dans la réalité.
Spinoza Pensées métaphysiques , trad. R. Caillois, Gallimard, La Pléiade, pp. 316-317.
La première significatiion de vrai et de faux semble avoir son origine dans les récits; et l'on a dit vrai un récit quand le fait raconté était réellement arrivé; faux, quand le fait raconté n'était arrivé nulle part. Plus tard, les philosophes ont employé le mot pour désigner l'accord d'une idée avec son objet; ainsi, on appelle idée vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même; fausse, celle qui montre une chose autrement qu'elle n'est en réalité. Les idées ne sont pas autre chose en effet que des récits ou des histoires de la nature dans l'esprit. Et de là on en est venu à désigner de la même façon, par métaphore, des choses inertse; ainsi, quand nous disons de l'or vrai ou de l'or faux, comme si l'or qui nous est présenté racontait quelque chose sur lui-même, ce qui est ou n'est pas en lui.
Qu'est-ce qu'une vérité de fait?
Hume prend l'exemple du lever du soleil pour établir sa distinction entre vérités de fait et vérités de raison:
" Les vérités de fait ne sont pas aussi certaines que les vérités de raison : il n'est donc pas absolument certain que le soleil se lèvera demain, car le contraire n'est pas contradictoir e ." Hume.
les vérités de fait sont contingentes et leur opposé est possible
Contingent | Non nécessaire. Est contingent ce qui pourrait être différent, ce qui, dit Aristote, pourrait être ou ne pas être sous quelque rapport que ce soit. Quelque chose est contingent quand son contraire est possible. (Leibniz) Aristote distingue la science théorique qui porte sur le nécessaire de l'action pratique qui porte sur le contingent. |
Nécessaire | Caractère de ce qui ne peut pas être autrement. Ce dont le contraire est impossible. On distingue: |
Possible | Est possible remarquons que le possible sert à définir le nécessaire (ce dont le contraire est impossible) et le contingent (ce dont le contraire est possible) |
"Je distingue entre les vérités de fait et les vérités de raison. Les vérités de fait ne peuvent être vérifiées que par leur confrontation avec les vérités de raison, et par leur réduction aux perceptions immédiates qui sont en nous, et dont S. Augustin et M. Descartes ont fort bien reconnu qu'on ne saurait douter ; c'est-à-dire, nous ne saurions douter que nous pensons, et même que nous pensons telles ou telles choses. Mais, pour juger si nos apparitions internes ont quelque réalité dans les choses, et pour passer des pensées aux objets ; mon sentiment est, qu'il faut considérer si nos perceptions sont bien liées entre elles et avec d'autres que nous avons eues, en sorte que les règles des mathématiques et autres vérités de raison y aient lieu : en ce cas, on doit les tenir pour réelles; et je crois que c'est l'unique moyen de les distinguer des imaginations, des songes, et des visions. Ainsi la vérité des choses hors de nous ne saurait être reconnue que par la liaison des phénomènes. Le critérion des vérités de raison, ou qui viennent des conceptions , consiste dans un usage exact des règles de la Logique."
Leibniz , Essais de Théodicée , 1710, "Remarques sur le livre de l'origine du mal", GF-Flammarion, 1969, p. 390-391.
Une vérité de raison
Elle est nécessaire et non contingente - un e?nonce? est vrai par ses relations logiques internes. Ex 2+2=4
Le rationalisme :
• Définition : c’est une doctrine qui pose que la connaissance relève de la raison. On peut illustrer cette idée avec Brunschvicg : « l’intelligence humaine peut tout comprendre » ou encore, Hegel : « Tout ce qui est réel et rationnel et tout ce qui est rationnel est réel ».
• Le principe de raison suffisante : le rationalisme considère que la raison peut tout comprendre, on peut alors poser une intelligibilité universelle et affirmer que :
1. Tout fait a une cause : principe de causalité.
2. Tout fait a une loi : Principe de déterminisme.
3. Tout fait a une fin : Principe de finalité.
4. Impossible qu’1 chose soit et ne soit pas : Principe de contradiction.
Ainsi Belon le rationalisme, la raison peut tout comprendre selon la cause, le déterminisme, la finalité et la non-contradiction. Le principe de raison suffisante permet de rendre compte de tout et élimine le hasard et la contingence et l’irrationnel.
L’irrationnel :
On définit l’irrationnel comme ce qui est contraire ou inaccessible à la raison. On peut considérer qu’un phénomène qui échappe à la raison comme « les miracles » est un phénomène irrationnel. Nous pouvons élargir la définition et affirmer que l’irrationnel est ce dont la raison ne peut rendre compte à un moment donné comme par exemple le tonnerre dans l’antiquité. Les irrationnels obligent l’homme à reconnaître les limites de la raison et de ce fait, la finitude de l’homme. Si les irrationnels existent alors, la connaissance est relative, la raison ne pouvant comprendre que ce qui lui est accessible. L’irrationnel peut aussi être « ce qui ne procède pas de la raison » comme, l’imagination, la passion.
Le rationalisme cartésien :
Descartes veut fonder une mathématique universelle et cherche en philosophie une vérité dont la certitude serait égale à celle des mathématiques. Il suit le raisonnement mathématique, appelé un raisonnement discursif qui comprend l’intuition et la déduction :
• L’intuition : Selon Descartes suppose l’évidence, c’est une notion simple qui n’est pas déduite mais qui va permettre de déduire les autres notions. L’évidence renvoie chez Descartes à la vérité et la vérité suppose la clarté et la distinction : « ce qui est clair et distinct, ce qui est conçu clairement et distinctement ne peut être faux ». L’intuition est donc claire et distincte donc vraie car les critères de vérité sont selon Descartes la clarté et la distinction : l’évidence.
• La déduction : la déduction par opposition à l’intuition n’est pas évidente. La vérité de la déduction n’est pas immédiate. Elle suppose la certitude de la mémoire. On déduit, on infère une chose d’une autre à partir d’un premier principe connu par intuition donc vrai. Les conclusions sont donc tirées d’autres choses connues avec certitude. Cependant, le premier principe est toujours connu par intuition tandis que les conclusions le sont par déduction.
Comment ce schéma s’applique t’il à la philosophie ? Comment le philosophe peut-il atteindre la certitude mathématique ?
Descartes nous dit que le point de départ en philosophie est le doute qui doit être méthodique, il faut suspendre son jugement et hyperbolique, poussée à l’extrême.
Dans la 2e?me Me?ditation Descartes e?crit : « Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n’a jamais e?te? de tout ce que ma me?moire remplie de mensonges me repre?sente ; je pense n’avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra e?tre estime? ve?ritable ? Peut-e?tre rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain. »
D’où l’hypothèse d’un dieu trompeur chez Descartes doublée de la fiction d’un malin génie qui emploierait toute son énergie à nous tromper. Il représenterait donc l’illusion, source d’erreurs pour l’homme qui prend les fictions pour des réalités. L’homme doute et suspend son jugement et c’est dans l’acte de douter que s’affirme le sujet pensant. Ainsi, le malin génie peut me tromper autant qu’il voudra, s’il me trompe, c’est que je suis. « Je doute mais tandis que je doute je ne peux douter que je pense et si je pense, je suis car pour penser, il faut être ».
« Je pense donc je suis » = cogito ergo sum
Nous retrouvons la notion simple, non déduite qu’est l’existence et qui sert à déduire la pensée connue par déduction. Il y a donc une conjonction nécessaire entre ma pensée et mon existence. L’existence est première, « pour penser, il faut être ». L’existence relève de l’intuition et la pensée de la déduction.
L’esprit triomphe du doute. La première certitude est donc « je suis », « j’existe » et à partir de l’existence, on peut déduire la pensée. L’esprit sort du doute. On retrouve donc en philosophie une certitude égale à la certitude mathématique. On peut donc appliquer la déduction à la philosophie.
Ainsi, a? cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu’il n’y avait aucune chose qui fu?t telle qu’ils nous la font imaginer. Et parce qu’il y a des hommes qui se me?prennent en raisonnant, me?me touchant les plus simples matie?res de ge?ome?trie, et y font des paralogismes, jugeant que j’e?tais sujet a? faillir, autant qu’aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j’avais prises auparavant pour de?monstrations. Et enfin, conside?rant que toutes les me?mes pense?es, que nous avons e?tant e?veille?s, nous peuvent aussi venir, quand nous dormons, sans qu’il y en ait aucune, pour lors, qui soit vraie, je me re?solus de feindre que toutes les choses qui m’e?taient jamais entre?es en l’esprit n’e?taient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais, aussito?t apre?s, je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout e?tait faux, il fallait ne?cessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette ve?rite? : je pense, donc je suis, e?tait si ferme et si assure?e, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’e?taient pas capables de l’e?branler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.
Descartes , Discours de la me?thode (1637), quatrie?me partie
René Descartes, biographie, citations, oeuvres principales, courant, système philosophique : Fiche auteur bac terminale -Textes de référence sur le thème de la vérité en philosophie - lexique de définitions, la raison et le réel.
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Le Scepticisme :
Le scepticisme est un courant philosophique du 4ème siècle avant J.C. Le représentant est Pyrrhon, il est impossible d’atteindre une certitude. Rien n’est juste ou injuste, beau ou laid, rien n’existe du point de vue de la vérité… Chaque chose n’est pas plus ceci que cela ». Il n’existe donc que des apparences, c'est-à-dire des phénomènes. Le Doute est donc un point de départ de la sagesse sceptique mais l’homme ne sort pas de ce doute puisqu’il ne peut rien dire sur rien, une chose par exemple n’est pas plus juste qu’injuste, pas plus ceci que cela. Le doute = point de départ + point d’arrivée. Le doute fait que l’homme ne sort pas des apparences ou des phénomènes. A la différence de : Descartes = Doute = point de départ hyperbolique, méthodique mais le doute n’est pas un point d’arrivée. L’homme sort du doute par la vérité indubitable : Il ne doute plus de son existence : « Pour penser il faut être ». • L’existence est première = je ne doute plus de l’existence, c’est une évidence • La pensée, je ne doute plus de ma pensée car elle est déduite de mon existence. Cogito = Vérité indubitable = Point d’arrivée. Selon les sceptiques, il est impossible d’établir une certitude. Les arguments sceptiques : L’argument de la discordance : On ne peut ni approuver, ni réfuter une proposition car les opinions sont variées et en constante opposition. Régression à l’infini : Pour poser une preuve, elle doit être justifiée à partir d’une autre preuve et ainsi de suite à l’infini. L’argument de la relation : il n’y a pas de vérité que relative, les choses en effets ne sont pas appréhendées par elles-mêmes mais relativement à autre chose, la grandeur par rapport à la petitesse.
La raison ne peut pas tout connaître : un nouvel ordre de connaissance, le cœur
Pascal oppose la raison, un autre ordre de connaissance : le Cœur. Nous retrouvons dans ses citations la tendance à valoriser le cœur par rapport à la raison : « le cœur a des raisons que la raison ignore ».
Les pensées.
Le penseur affirme qu’il existe une connaissance par les sentiments. La connaissance ne suppose pas seulement la raison, il faut intégrer toutes les puissances de la vie. Il faut admettre une pensée irrationnelle. La rationalité a des limites et se laisse dépasser en particulier par la spiritualité. « La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent » ? Le principe de raison suffisante est donc sacrifié au profit des raisons du cœur.
Distinctions conceptuelles :
Sens : direction / but, finalité
Vérité / certitude
Débat / doute
Le raisonnement s’organise autour de la relation entre la vérité et la certitude
Reformulation : le débat peut-il aider à trouver la vérité ?
Problématisation : le sujet suggère d’une part qu’il est inutile de débattre de la vérité, car si on a déjà la vérité, à quoi bon la remettre en question dans le débat ? Mais d’autre part il suggère que la discussion philosophique peut permettre de se rapprocher de la vérité, qui est très différente de la certitude.
Plan possible :
I- Il n’y a pas de sens (direction) à débattre de la vérité puisque débattre revient à douter : le débat c’est presque la marche arrière de la vérité, il n’a pas de sens puisqu’il va dans la mauvaise direction
A/ Lorsqu’il y a un débat c’est qu’il n’y a pas certitude. Or la vérité se doit d’être certaine ; donc il n’y a pas de sens à débattre de la vérité puisqu’on sait déjà que ce qui est vrai est certain et ne peut être remis en question. Il est absurde d’en douter.
B/ En effet le doute nous éloigne de la certitude, c’est-à-dire de la vérité. On peut voir avec Descartes, dans ses Méditations Métaphysiques , qu’il y a en nous des idées nécessairement vraies, innées, telles le « je pense donc je suis ». Or le débat nous éloigne de ces vérités en les remettant en question.
C/ La Vérité se connaît comme Vérité. Pour Hegel, l’Idée absolue est la Vérité, qui se sait telle, toute Vérité ; la vérité qui doute n’est déjà plus vérité, elle est errance, illusion, erreur. La Vérité est ce qui nous éloigne du doute. Débattre nous éloigne de la vérité et nous rapproche du doute.
II- La vérité reste subjective, et différente de la certitude : débattre permet donc de parvenir à une vérité commune grâce aux vertus du dialogue. Il peut y avoir un sens (direction) à débattre de la vérité car, pour utiliser une métaphore géographique, le débat nous rapproche de la vérité
A/ le chemin à la vérité est tortueux ; la doute méthodique est une bonne manière d’y accéder. Descartes propose ainsi de douter, non pas de tout, mais de tout sauf des idées claires et distinctes. Méthodiquement rétablir la connaissance en partant du seul postulat que « je pense donc je suis », et voir comme dépasser l’erreur grâce au doute, en ne rétablissant que ce dont je suis absolument certain. Cela peut donc se faire par exemple par un débat suivant une méthode rigoureuse.
B/ Pour Merleau-Ponty, le dialogue est un acte philosophique et phénoménologique très fort par lequel on peut créer un « être-à-deux », c’est-à-dire : une union langagière et intellectuelle de deux êtres qui se rapprochent par là-même d’une vérité plus forte que leurs vérités individuelles, car la vérité du dialogue devient transcendante, surplombante.
C/ le débat contient certes intrinsèquement une forme d’erreur, d’incertitude, de doute, d’errance, etc. Mais on peut trouver la vérité par l’erreur encore mieux que par la certitude. Pour Bachelard, c’est en revenant sur un passé d’erreurs que nous trouvons la vérité. Le doute se fait rétrospection pour mieux nous voir nous-mêmes dans notre vérité.
III- La vérité est contenue dans le fait même de débattre : le débat est non seulement utile mais aussi nécessaire à la vérité. Il y a donc un sens (but, finalité) au fait de débattre de la vérité, puisque c’est précisément la manière par laquelle on peut la trouver.
A/ On peut ici distinguer vérité et certitude. La certitude est connaissance figée ; la vérité quant à elle se situe dans le mouvement perpétuellement renouvelé de la vie. On peut voir avec Bergson que chercher à figer le monde, à lui apposer des grilles de lectures sûres d’elles-mêmes, prédéfinies, ce n’est pas mieux le connaître dans sa vérité mais lui faire défaut. La vérité n’est pas certitude mais débat, elle n’est pas figée mais en perpétuel mouvement.
B/ La vérité est recherche de vérité : en débattant, en discutant, en dialoguant, en partageant les expériences ! Pour Spinoza, l’erreur provient d’un manque de connaissance. On peut alors tenter de définir la vérité dans ce chemin pour combler le manque de connaissance d’où surgit l’erreur. La vérité est quête de soi et de l’autre dans le geste intersubjectif du débat, et non pas certitude de son existence.
C/ Le privilège attribué à la clarté est un préjugé moral, nous dit Nietzsche. Tout se passe comme si le débat était dévalué dans son potentiel créateur, alors même que sans lui, il n’y aurait pas de vérité. Observer le monde dans un filtre clair, sûr, « vrai », c’est se bercer d’illusions et non pas trouver la vérité mais s’en éloigné. Ce n’est pas le débat qui éloigne de la vérité, mais la certitude elle-même.
La démonstration est un raisonnement qui permet d’établir la nécessité d’une vérité, elle procède par un enchaînement logique. .
Notre sujet se pose en fait la question de savoir s'il exisste une connaissance fiable? Qu'est-ce qui rend une connaissance fiable? Le savoir est-il le résultat d'une démonstration? Certaines connaissances s'obtiennent elles autrement que par démonstration? Est-ce un passage obligatoire pour connaître? Certaines vérités échappent-elles à la science?
La démonstration : un passage obligatoire pour connaître
La démonstration confère une valeur universelle. Une connaissance est vraie dans tous les cas. Descartes : dans sa quête de vérité propose pour s'élever à une certitude égale à la certitude mathématique, de suivre le modèle scientifique et de s'appuyer sur une méthode mathématique. Il part d'une notion simple et déduit à partir d'une évidence. Il obtient ainsi un savoir clair et distinct qui par définition ne peut-être faux. Le cogito est ainsi le fruit d'un savoir déduit. Pour penser il faut être. L'existence est la notion première non déduite tandis que la pensée en découle. L'existence est la notion simple. Ce qui confère au cogito la vérité indubitable. La démonstration est donc le meilleur moyen d’étendre les connaissances à partir de quelques vérités premières.
La démonstration nous éloigne et nous protège des pseudo-savoirs
Syllogisme : raisonnement logique basé sur trois propositions. Le savoir donné par ce raisonnement est toujours vrai d'un point de vue formel
Tous les hommes sont mortels
Or Socrate est mortel
Donc Socrate est mortel
Même s'il peut-être dans certains cas de figure faux d'un point de vue matériel, il est toujours vrai d'un point de vue formel.
Les limites de la démonstration
L'ascension vers le savoir ne relève pas forcément de la démonstration. On peut citer l'exemple de Platon avec dans la République la visée de l'anhypothétique (savoir qui échappe à la démonstration)
La rigueur mathématique peut avoir quelques limites ainsi que le suggèrent les sceptiques. On parle de pétition de principe, de paralogisme, de régression à l'infini. La faiblesse de la démonstration serait ainsi démontrée.
La démonstration ne serait pas le critère exclusif du savoir, il y a l'expérience.
= savoirs qui, par essence, ne relèvent pas de la démonstration = l'art, la métaphysique, la religion (dans ce cas précis, on parle de vérité révélée). On peut développer avec Pascal pour qui Dieu est caché à la raison et se dévoile au coeur, autre ordre de connaissance.
LE MENSONGE EST-IL ADMISSIBLE EN CERTAINES CIRCONSTANCES ?
Qui dit mensonge dit vérité, et qui dit vérité dit mensonge. Ainsi, les deux vont de paires. Le mensonge altère la vérité, trompe l'autre tout en sachant pertinemment que ce qui est énoncé est faux. Le mensonge est donc différent de l'erreur, car celui qui la commet n'a pas conscience de la fausseté de son acte, de sa parole ou de son jugement. Après tout, si nous mentons n'est-ce pas autrement que par choix ? Le mensonge est-il admissible en certaines circonstances ? Même si le mensonge et la vérité sont liés, ils s'opposent en tous points et ne peuvent coexister ensemble. Est-ce que le mensonge est préférable ou bien est-ce que l'on se doit de dire la vérité ? Nous verrons donc dans une première partie, que parfois le mensonge nous semble être une bonne solution, puis nous montrerons qu'il faut toujours dire la vérité et enfin nous tenterons de trouver un semblant de réponse dans une troisième partie.
Lire la dissertation
Emmanuel KANT
La ve?racite? dans les de?clarations que l’on ne peut e?viter est le devoir formel de l’homme envers chacun, quelque grave inconve?nient qu’il en puisse re?sulter pour lui ou pour un autre(…). Il suffit donc de de?finir le mensonge, une de?claration volontairement fausse faite a? un autre homme (…) Il est possible qu’apre?s que vous avez loyalement re?pondu oui au meurtrier qui vous demandait si son ennemi e?tait dans la maison, celui-ci en sorte inaperc?u et e?chappe ainsi aux mains de l’assassin, de telle sorte que le crime n’ait pas lieu ; mais, si vous avez menti en disant qu’il n’e?tait pas a? la maison et qu’e?tant re?ellement sorti (a? votre insu) il soit rencontre? par le meurtrier, qui commette son crime sur lui, alors vous pouvez e?tre justement accuse? d’avoir cause? sa mort. En effet, si vous aviez dit la ve?rite?, comme vous la saviez, peut-e?tre le meurtrier, en cherchant son ennemi dans la maison, eu?t-il e?te? saisi par des voisins accourus a? temps, et le crime n’aurait-il pas eu lieu. Celui donc qui ment, quelque ge?ne?reuse que puisse e?tre son intention, doit, me?me devant le tribunal civil, encourir la responsabilite? de son mensonge et porter la peine des conse?quences, si impre?vues qu’elles puissent e?tre. C’est que la ve?racite? est un devoir qui doit e?tre regarde? comme la base de tous les devoirs fonde?s sur un contrat, et que, si l’on admet la moindre exception dans la loi de ces devoirs, on la rend chancelante et inutile.
C’est donc un ordre sacre? de la raison, un ordre qui n’admet pas de condition, et qu’aucun inconve?nient ne saurait restreindre, que celui qui nous prescrit d’e?tre ve?ridiques (loyaux) dans toutes nos de?clarations.
Emmanuel Kant, D’un pre?tendu droit de mentir par humanite?, 1797
“L’opinion est quelque chose d’intermédiaire entre la connaissance et l’ignorance” -
L'allégorie de la caverne
Le monde sensible :
– Maintenant repre?sente toi de
la fac?on que voici l’e?tat de notre nature relativement a? l’instruction et a? l’ignorance.
Figure toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entre?e ouverte a? la lumie?re; ces hommes sont la? depuis leur enfance, les jambes et le cou enchai?ne?s, de sorte qu’ils ne peuvent ni bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chai?ne les empe?chant de tourner la te?te; la lumie?re leur vient d’un feu allume? sur une hauteur, au loin derrie?re eux; entre le feu et les prisonniers passe une route e?leve?e : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux et au dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. Figure toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui de?passent le
mur, et des statuettes d’hommes et d’animaux, en pierre en bois et en toute espe?ce de matie?re; naturellement parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent. – Voila?, s’e?cria Glaucon, un e?trange tableau et d’e?tranges prisonniers. – Ils nous ressemblent; et d’abord, penses-tu que dans une telle situation ils n’aient jamais vu autre chose d’eux me?mes et de leurs voisins que les ombres projete?es par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?
– Et comment, observa Glaucon, s’ils sont force?s de rester la te?te immobile durant toute leur vie Et pour les objets qui de?filent, n’en est-il pas de me?me ?
– Sans contredit.
– Si donc ils pouvaient s’entretenir ensemble ne penses-tu pas qu’ils prendraient pour des objets re?els les ombres qu’ils verraient ?
– Assure?ment.
Platon. La Re?publique, Livre VII
Le monde de la caverne : un monde d’illusions.
Le monde de la caverne, c’est le monde sensible. Ces prisonniers ne connaissent que « les ombres des choses » Ils prennent le reflet des choses pour les choses elles-mêmes. Ils sont donc persuade?s qu’il n’existe rien d’autre et que ce qu’ils voient autour d’eux est la re?alite?. Ils vivent dans l’illusion.
=Illusions = ignorances du prisonnier, c'est l'obscurité.
Les prisonniers ne voient que ce qu'il y a en face d'eux, dans le fond de la caverne.
Ils y sont enfermés depuis leur enfance.
Ils ne voient que les ombres des objets sur la paroi de la caverne.
Platon nous parle des prisonniers = les hommes en général
Ils sont enfermés dans l'ignorance. Ils ne voient que les ombres, ils vivent dans l'illusion. Les prisonniers pensent que le monde est le reflet des choses sur la paroi de la caverne. Ils prennent les ombres des choses pour les choses elles-mêmes. Ils n'ont que des apparences.
Ils pensent que ces ombres sont les vérités et pensent qu'il n'existe pas autre chose que ces ombres.
Il en va de même pour les hommes, ils vivent dans l'illusion et prennent les apparences pour les choses elles-mêmes.
Un état d'illusion et d'ignorance = assimilé à une maladie, une souffrance pour le prisonnier.
Libération du prisonnier = Souffrance
Voir la réalité, vérité = sortir de l'illusion Pour Platon le reme?de consiste a? « sortir de la caverne » donc de l’illusion.
La sortie de la caverne ou la de?couverte de la ve?rite?
– (…) Conside?re maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les de?livre de leurs chai?nes et qu’on les gue?risse de leur ignorance. Qu’on de?tache l’un de ces prisonniers, qu’on le force a? se dresser imme?diatement, a? tourner le cou, a? marcher, a? lever les yeux vers la lumie?re : en faisant tous ces mouvements, il souffrira et l’e?blouissement l’empe?chera de distinguer ces objets dont tout a? l’heure il voyait les ombres. Que crois-tu donc qu’il re?pondra si quelqu’un lui vient dire qu’il n’a vue jusqu’alors que de vains fanto?mes, mais qu’a? pre?sent, plus pre?s de la re?alite? et tourne? vers des objets plus re?els, il voit plus juste ? Si, enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on l’oblige a? force de questions, a? dire ce que c’est ? Ne penses- tu pas qu’il sera embarrasse?, et que les ombres qu’il voyait tout a? l’heure lui parai?tront plus vraies que les objets qu’on lui montre maintenant ? Et si on le force a? regarder la lumie?re elle me?me, ses yeux n’en seront-ils pas blesse?s? N’en fuira-t-il pas la vue pour retourner aux choses qu’il peut regarder, et ne croira-t-il pas que ces dernie?res sont re?ellement plus distinctes que celles qu’on lui montre?
– Assure?ment ! – Et si on l’arrache de sa caverne par force, qu’on lui fasse gravir la monte?e rude et escarpe?e, et qu’on ne le la?che pas avant de l’avoir trai?ne? jusqu’a? la lumie?re du soleil, ne souffrira-t-il pas vivement, et ne se plaindra-t-il pas de ces violences? Et lorsqu’il sera parvenu a? la lumie?re, pourra-t-il, les yeux tout e?blouis par son e?clat, distinguer une seule des choses que maintenant nous appelons vraies ? – Il ne le pourra pas, du moins de?s l’abord.
– Il aura je pense besoin d’habitude pour voir les objets de la re?gion supe?rieure. D’abord, ce seront les ombres (…)A la fin j’imagine, ce sera le soleil – non ses vaines images re?fle?chies dans les eaux ou en quelque autre endroit – mais le soleil lui-me?me a? sa vraie place, qu’il pourra voir et contempler tel qu’il est.
– Ne?cessairement ! – Apre?s cela, il en viendra a? conclure au sujet du soleil, que c’est lui qui fait les saisons et les anne?es, qui gouverne tout dans le monde visible, et qui, d’une certaine manie?re est la cause de tout ce qu’il voyait avec ses compagnons dans la caverne. Or donc, se souvenant de sa premie?re demeure, de la sagesse que l’on y professe, et de ceux qui furent ses compagnons de captivite?, ne crois-tu pas qu’il se re?jouira du changement et plaindra ces derniers? – Si, certes.
Platon. La Re?publique, Livre VII.
Sortir de la caverne va e?tre douloureux et temporairement aveuglant. Il faut se libe?rer des pre?juge?s, des ide?es rec?ues, des illusions qui nous bercent depuis notre enfance. Quand on quitte l’obscurite?, il est impossible de regarder le soleil (la ve?rite?) en face. Il faut une « accoutumance ». Et il s’agit bien su?r d’une me?taphore du chemin que l’homme doit parcourir pour arriver a? sortir de l’illusion et a? acce?der a? la ve?rite?-re?alite?. Au de?part donc, les prisonniers continuent a? conside?rer comme plus re?el les ombres pluto?t que ce qu’ils de?couvrent. Est vrai ce qu’ils ont l’habitude de voir. Idem pour les hommes.
Ainsi a? chaque e?tape de la sortie de la caverne correspond une e?tape du cheminement humain pour atteindre la ve?rite?.
Le passage d'une étape à une autre se fait par la dialectique. Dialogue. La vérité se trouve à deux.
Le retour dans la caverne : le ro?le du philosophe
– Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et aille s’asseoir a? son ancienne place : n’aura-t-il pas les yeux aveugle?s par les te?ne?bres en venant brusquement du plein soleil? Et s’il lui faut entrer de nouveau en compe?tition, pour juger ces ombres, avec les prisonniers qui n’ont point quitte? leurs chai?nes, dans le moment ou? sa vue est encore confuse et avant que ses yeux ne se soient remis (or l’accoutumance a? l’obscurite? demandera un temps assez long), n’appre?tera-t-il pas a? rire a? ses de?pens, et ne diront-ils pas qu’e?tant alle? la?-haut, il en est revenu avec la vue ruine?e, de sorte que ce n’est me?me pas la peine d’essayer d’y monter? Et si quelqu’un tente de les de?lier et de les conduire en haut, et qu’ils le puissent tenir en leurs mains et tuer, ne le tueront-ils pas ?
Pourquoi retourner dans la caverne ? A priori cela n’a aucun inte?re?t puisque celui qui en est sorti : – n’est plus dans l’illusion puisqu’il est devenu philosophe (il a de?couvert la ve?rite?) – ne partagera plus la me?me re?alite? avec les prisonniers et ceux-ci ne le croiront pas, le prendront pour un fou ou voudront le tuer. (allusion a? Socrate qui fut condamne? au suicide en buvant la cigue? car ses juges conside?raient que ses ide?es menac?aient la Cite?).
Le prisonnier est devenu philosophe, il contemple le soleil donc il détient les idées elles-mêmes. Il a subi une transformation.
Il est à présent déshabitué à l'obscurité, il vit dans la lumière des idées mais il doit retourner dans la caverne pour guider et aider les autres prisonniers. Il faut libérer les autres = rôle du philosophe = dialoguer (dialectique) avec les hommes prisonniers pour les amener à la lumière.
Descartes, les Règles pour la direction de l'esprit, III
Dans les sciences, en effet, il n'y a peut-être pas une question, sur laquelle les savants n'aient été souvent en désaccord. Or, chaque fois que sur le même sujet deux d'entre eux sont d'un avis différent, il est certain que l'un des deux au moins se trompe ; et même aucun d'eux, semble-t-il, ne possède la science : car, si les raisons de l'un étaient certaines et évidentes, il pourrait les exposer à l'autre de telle manière qu'il finirait par le convaincre à son tour. Nous voyons donc que, sur tout ce qui ne donne lieu qu'à des opinions probables, il est impossible d'acquérir une connaissance parfaite, parce que nous ne pouvons sans présomption espérer de nous-mêmes plus que les autres n'ont fait, en sorte que, si notre raisonnement est juste, il ne reste de toutes les sciences déjà connues que l'arithmétique et la géométrie, auxquelles l'observation de cette règle nous ramène. |
Problème
Critères de la vérité?
La question de la vérité et de son critère de référence
La vérité est-elle légitime ?
Les problèmes posés :
L'opinion = Doxa. Connaissance dont on ne peut rendre compte
Qu'envisage donc Descartes ?
Il examine tout simplement la possibilité de se référer à un critère qualitatif pour discerner le vrai du faux
Question du relativisme =
A chacun sa vérité ou à chacun son opinion = connaissance relative.
Idée d'un relativisme illustrée par Protagoras, un sophiste « l'homme est mesure de toutes choses », cela signifie que les vérités dépendent des perceptions, des sentiments ou opinions de chacun.
le même vent, qui semble à l'un glacial, peut apparaître tiède à un autre, de sorte qu'il serait à la fois vrai de dire que ce même vent est glacial et, tout à la fois, qu'il est tiède.
Conséquence =
vérité = subjective, relative
Opinions = relativisme du vrai car ce qui est vrai pour moi ne l'est pas nécessairement pour les autres = Scepticisme car dans ces conditions, il est impossible de découvrir une connaissance authentique.
La question du fondement de la vérité ne légitime pas l'opinion et la formule « A chacun sa vérité » qui est un énoncé illégitime.
La vérité doit-être universelle. Chacun ne peut pas avoir sa propre définition du triangle.
Descartes pense que la diversité des opinions est le signe d'un MANQUE DE CONNAISSANCE CERTAINE.
Texte : « chaque fois que sur le même sujet [deux savants] sont d'un avis différent, il est certain que l'un des deux au moins se trompe ; et même aucun d'eux, semble-t-il, ne possède la science : car si les raisons de l'un étaient certaines et évidentes, il pourrait les exposer à l'autre de telle manière qu'il finirait par le convaincre à son tour ».
Sortir des opinions pour atteindre la science
L'opinion est subjective + incertaine
La science doit-être universelle + démontrée + certaine
«On ne peut rien fonder sur l'opinion», disait Bachelard, mais «il faut d'abord la détruire». L'opinion est, pour la science, «le premier obstacle à surmonter».
Ce sont nos affirmations qui sont vraies ou fausses, mais comment le vérifier ? Suffit-il d’éprouver une certitude pour être dans le vrai ? La certitude est-elle un critère de l’idée vraie ? Comment discerner entre une simple opinion subjectivement certaine, et une véritable idée de la raison ?
Existe-t-il un critère qui permette de différencier un discours vrai d’un discours faux? Et si ce critère n’existe pas, cela nous reconduit-il fatalement au scepticisme ?
La certitude est l’état d’esprit de celui qui se pense en possession de la vérité. Mais cet état d’esprit est d’autant plus intense que la personne qui l’éprouve est ignorante ! Mon sentiment de certitude peut découler de mon aveuglement. Il faut dégager un autre critère, moins subjectif.
Elle désigne une disposition de l’esprit. C’est la marque d’un esprit qui adhère sans réserve à une idée, en affirmant sa vérité ou sa fausseté. Dire?: «?je suis certain qu’il ment?» ou «?je suis certain qu’il dit vrai?», est identique, au sens où dans les deux cas tout doute est exclu. La certitude est donc une conviction subjective.
Descartes : l’évidence comme critère du vrai
Si le sentiment de certitude est peu fiable, cherchons un autre critère. Lorsqu’il nous arrive de douter de la vérité d’une idée, nous questionnons assez naturellement les autres. L’opinion d’autrui doit confirmer ou infirmer la mienne. Lorsque je veux être sûr d’avoir raison,lorsque je n’en crois pas mes yeux, j’interroge ceux du voisin. Le critère de la vérité serait l’accord des esprits.
Qu’est-ce que cela signifie? Quand on questionne les autres, on présuppose implicitement que la vérité est la même pour moi et pour autrui, donc unique.
C’est en creusant ce caractère d’unicité de la vérité que Descartes dégagera le critère de l’évidence, qui englobe alors l’unicité et l’universalité de la notion de vérité.
L’unicité de la vérité
Descartes :
« Dans les sciences, en effet, il n’y a peut-être pas une question, sur laquelle les savants n’aient été souvent en désaccord. Or, chaque fois que sur le même sujet deux d’entre eux sont d’un avis différent, il est certain que l’un des deux au moins se trompe ; et même aucun d’eux, semble-t-il, ne possède la science : car, si les raisons de l’un étaient certaines et évidentes, il pourrait les exposer à l’autre de telle manière qu’il finirait par le convaincre à son tour.»
« Nous voyons donc que, sur tout ce qui ne donne lieu qu’à des opinions probables, il est impossible d’acquérir une connaissance parfaite, parce que nous ne pouvons sans présomption espérer de nous-mêmes plus que les autres n’ont fait, en sorte que, si notre raisonnement est juste, il ne reste de toutes les sciences déjà connues que l’arithmétique et la géométrie, auxquelles l’observation de cette règle nous ramène. »
Descartes, Règles pour la direction de l’esprit
Descartes affirme ici le présupposé de l’unicité de la vérité: si deux esprits dotés de raison ne parviennent pas à tomber d’accord, c’est qu’aucun des deux ne possède la vérité. En même temps il affirme l’universalité de la raison: « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée».
La seule chose que l’on puisse établir, c’est que le désaccord, et donc la multiplicité des « vérités », est un indice qui parle en faveur de l’absence de vérité, la vérité étant à même de convaincre tous les hommes capables de raisonner. Descartes réserve la notion de vérité aux mathématiques, modèle de toute vérité.
Mais si l’unicité de la vérité est un caractère de la vérité , ce n’est pourtant pas un critère : la vérité est unique, mais tout ce qui est unique n’est pas vrai.
« Tenir quelque chose pour vrai [la croyance] est un fait de notre entendement qui peut reposer sur des principes objectifs, mais qui suppose aussi des causes subjectives dans l’esprit de celui qui juge. Quand cet acte est valable pour chacun, pour quiconque du moins a de la raison, le principe en est objectivement suffisant, et c’est alors la conviction. Quand il a uniquement son principe dans la nature particulière du sujet, on le nomme persuasion. La persuasion est une simple apparence, parce que le principe du jugement, qui réside simplement dans le sujet, est tenu pour objectif. Aussi un jugement de ce genre n’a-t-il qu’une valeur individuelle, et la croyance ne s’en communique-t-elle pas. Mais la vérité repose sur l’accord avec l’objet, et par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tous les entendements doivent être d’accord. La pierre de touche servant à reconnaître si la croyance est une conviction ou une simple persuasion est donc extérieure : elle consiste dans la possibilité de la communiquer et de la trouver valable pour la raison de chaque homme ; car alors, il est au moins présumable que la cause qui produit l’accord de tous les jugements, malgré la diversité des sujets entre eux, reposera sur un principe commun, je veux dire sur l’objet, et que, tous s’accordant ainsi avec l’objet, la vérité sera prouvée par là même. La persuasion ne peut donc pas se distinguer subjectivement de la conviction, si le sujet ne se représente la croyance que comme un phénomène de son propre esprit ; l’épreuve que l’on fait sur l’entendement d’autrui des principes qui sont valables pour nous, afin de voir s’ils produisent sur une raison étrangère le même effet que sur la nôtre, est un moyen qui, bien que purement subjectif, sert, non pas sans doute à produire la conviction, mais à découvrir la valeur toute personnelle du jugement, c'est-à-dire à découvrir en lui ce qui n’est que simple persuasion. Si nous pouvons en outre expliquer les causes subjectives du jugement, que nous prenons pour des raisons objectives, et par conséquent expliquer notre fausse croyance comme un phénomène de notre esprit, sans avoir besoin pour cela de la nature de l’objet, nous découvrons alors l’apparence, et nous ne serons plus trompés par elle, bien qu’elle puisse toujours nous tenter jusqu’à un certain point, si la cause subjective de cette apparence tient à notre nature. Je ne saurais affirmer, c'est-à-dire exprimer comme un jugement nécessairement valable pour chacun, que ce qui produit la conviction. Je puis garder pour moi ma persuasion, quand je m’en trouve bien, mais je ne puis ni ne dois vouloir la faire valoir hors de moi. La croyance, ou la valeur subjective du jugement par rapport à la conviction (qui a en même temps une valeur objective) présente les trois degrés suivants : l’opinion, la foi et le savoir. L’opinion est une croyance qui a conscience d’être insuffisante subjectivement aussi bien qu’objectivement . Quand la croyance n’est suffisante que subjectivement, et qu’en même temps elle est tenue pour objectivement insuffisante, elle s’appelle foi. Enfin celle qui est suffisante subjectivement aussi qu’objectivement s’appelle savoir. La suffisance subjective s’appelle conviction (pour moi-même), la suffisance objective, certitude (pour chacun). »
Kant – Critique de la Raison Pure – Méthodologie Transcendantale, Canon de la raison pure.
Croyance : c’est le mot qui de?signe toute certitude sans preuve. La foi est la croyance volontaire. La croyance de?signe au contraire quelque disposition involontaire a? accepter soit une
doctrine, soit un jugement, soit un fait. On nomme cre?dulite? une disposition a? croire dans ce sens infe?rieur du mot.
Les degre?s du croire sont les suivants. Au plus bas, croire par peur ou par de?sir (on croit aise?ment ce qu’on de?sire et ce qu’on craint). Au- dessus, croire par coutume et imitation (croire les rois, les orateurs, les riches). Au-dessus, croire les vieillards, les anciennes coutumes, les traditions. Au-dessus, croire ce que tout le monde croit (que Paris existe me?me quand on ne le voit pas, que l’Australie existe quoiqu’on ne l’ait jamais vue). Au-dessus, croire ce que les plus savants affirment en accord d’apre?s des preuves que la terre tourne, que les e?toiles sont des soleils, que la lune est un astre mort, etc.). Tous ces degre?s forment le domaine de la croyance. Quand la croyance est volontaire et jure?e d’apre?s la haute ide?e que l’on se fait du devoir humain, son vrai nom est foi
Alain sur la croyance
Distinctions conceptuelles:
Expérience / connaissance
Vérité / erreur
Pouvoir / devoir
Le raisonnement s’articule autour de la possibilité (ou non) d’accéder à la connaissance par les sens.
Reformulation : peut-on connaître par l’expérience ?
Problématisation : le sujet suggère d’une part que l’expérience ne permet pas d’accéder à la connaissance. Mais d’autre part il semble dire qu’elle est au moins en un sens nécessaire.
I- L’expérience n’est pas trompeuse : elle est notre première manière d’appréhender le réel
A/ Pour Locke, la première source de connaissance est la sensation. C’est la philosophie empirique : l’expérience est ma porte d’entrée dans le réel, que je connais pas la vue, le toucher, le goût, l’odorat… par l’expérience sensible et physique que j’en fais
B/ Spinoza, qui distingue les différentes formes de connaissance, inclut l’expérience parmi elles. C’est une manière (comme une autre?) de percevoir le monde.
C/ L’expérience peut être considérée comme la seule manière de connaître le monde. C’est la pensée de Berkeley, philosophie immatérialiste : l’expérience sensible est la seule manière certaine d’appréhender le réel.
II- Toutefois l’expérience peut-être trompeuse. Elle nous donne des clés pour comprendre le monde mais ne permet pas la certitude. Il faut dépasser l’expérience.
A/ L’expérience est certes nécessaire, mais elle n’apporte pas les idées. Il faut donc la dépasser. C’est ce que propose Leibniz.
B/ Nos sens peuvent nous donner l’illusion d’être source de certitude, mais en fait ils sont trompeurs. C’est ce que propose de voir Descartes dans ses Méditations Métaphysiques.
C/ Platon, philosophe antique, propose de s’affranchir des apparences pour atteindre la vérité. Il y a une vérité (la seule vérité possible) au-delà du sensible, qui nous trompe. Cf le mythe de la caverne et les ombres sur les murs, qui sont une expérience trompeuse, fausse, qui induisent en erreur.
III- Toutefois on peut réhabiliter l’expérience : elle est trompeuse mais demeure nécessaire. On ne peut atteindre la vérité avec la seule certitude : il faut lui ajouter le doute, l’hésitation, l’expérimentation.
A/ Pour Bachelard par exemple, le fait scientifique est entièrement théorique. L’expérience joue un rôle très important dans l’accès à la vérité scientifique. L’expérimentation scientifique ne peut se faire sans erreur. C’est par l’erreur que je progresse.
B/ Les idées jouent un rôle régulateur. Autrement dit elles sont nécessaires mais l’expérience aussi. L’une comme l’autre ne peuvent exister seules. Pour Husserl les idées doivent guider la théorie. Ainsi l’expérience peut-être trompeuse, certes ; et c’est pour cette raison qu’il faut lui adjoindre les idées.
C/ Même Descartes, qui critique l’expérience, en fait son point de départ pour construire sa théorie de la vérité : la première certitude c’est l’expérience que je fais de mon existence. Cogito ergo sum, je pense donc je suis. A partir de cette certitude on peut refonder la connaissance du monde. L’expérience et la part de doute qui lui est intrinsèque sont trompeurs, mais nécessaires pour accéder à la vérité.
Lecture d'un texte de Hume
Pour Hume la connaissance se construit sur le fait que nous ge?ne?ralisons ce que nous observons (C‘est une de?marche inductive) Toutes nos ide?es simples sont la copie d’une impression ; elles proviennent donc toutes de l’expe?rience :
“Ce qu’on n’a jamais vu, ce dont on n’a jamais entendu parler, on peut pourtant le concevoir; et il n’y a rien au-dessus du pouvoir de la pense?e, sauf ce qui implique une absolue contradiction.
Mais, bien que notre pense?e semble posse?der cette liberte?, nous trouverons, a? l’examiner de plus pre?s, qu’elle est re?ellement resserre?e en de tre?s e?troites limites et que tout ce pouvoir cre?ateur de l’esprit ne monte a? rien de plus qu’a? la faculte? de composer, de transposer, d’accroi?tre ou de diminuer les mate?riaux que nous apportent les sens et l’expe?rience. Quand nous pensons a? une montagne d’or, nous joignons seulement deux ide?es compatibles, or et montagne, que nous connaissions auparavant. Nous pouvons concevoir un cheval vertueux; car le sentiment que nous avons de nous-me?mes nous permet de concevoir la vertu; et nous pouvons unir celle-ci a? la figure et a? la forme d’une cheval, animal qui nous est familier. Bref, tous les mate?riaux de la pense?e sont tire?s de nos sens, externes ou internes ; c’est seulement leur me?lange et leur composition qui de?pendent de l’esprit et de la volonte?. Ou, pour m’exprimer en langage philosophique , ainsi toutes nos ide?es ou perceptions plus faibles sont des copies de nos impressions, ou perceptions plus vives."
David Hume, Enque?te sur l’entendement humain (1748), section II
Si « toute notre connaissance de?bute par l’expe?rience, cela ne prouve pas qu’ « elle de?rive toute de l expe?rience » Kant
Que toute notre connaissance commence avec l’expe?rience, cela ne soule?ve aucun doute. En effet, par quoi notre pouvoir de connai?tre pourrait-il e?tre e?veille? et mis en action, si ce n’est par des objets qui frappent nos sens et qui, d’une part, produisent par eux-me?mes des repre?sentations et d’autre part, mettent en mouvement notre faculte?
intellectuelle, afin qu’elle compare, lie ou se?pare ces repre?sentations, et travaille ainsi la matie?re brute des impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu’on nomme l’expe?rience ? Ainsi, chronologiquement, aucune connaissance ne pre?ce?de en nous l’expe?rience, c’est avec elle que toutes commencent.
Mais si toute notre connaissance de?bute avec l’expe?rience, cela ne prouve pas qu’elle de?rive toute de l’expe?rience, car il se pourrait bien que me?me notre connaissance par expe?rience fu?t un compose? de ce que nous recevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connai?tre (simplement excite? par des impressions sensibles) produit de lui-me?me.
Emmanuel Kant, Critique de la Raison pure, 1787
Dossier pédagogique en philosophie, le réel et le virtuel
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Le vivant - l'esprit, la matière -la conception spiritualiste, finaliste, matérialiste, mécaniste du vivant - aristote - descartes- philo, cournot. essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique bac général 2022, l'explication de texte en filière technologique, corrigé bac 2022, diderot, l'encyclopédie.
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Date de dernière mise à jour : 30/07/2024
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Les annales de philosophie
Humanités, Littérature, Philosophie, bac 2021
Voici le corrigé des annales du bac de philosophie de 2018 donné en ES : Toute vérité est-elle définitive ? C’est un sujet compliqué. D’abord parce que la notion de vérité est très loin d’être évidente. Ensuite parce que le mot ” définitif ” nous laisse un peu désemparés.
Voici les définitions à garder à l’esprit pour traiter le sujet des annales de bac de philosophie de 2018.
Au sens augustinien, veritas est adequatio intelectus et rei , la vérité est l’adéquation entre la réalité et l’intellect.
La vérité peut être démontrée de différentes manières :
On peut parler de vérité dans les champs suivants :
Scellée. Autrement dit, non négociable, immuable, exprimée une fois pour toutes.
Le caractère définitif d’une vérité doit ainsi être fixé par quelqu’un, et il faut voir s’il est reconnu par tous.
Voici les grandes pistes pour problématiser le sujet des annales de philosophie de 2018.
Selon un premier point de vue, la vérité est Une et en tant que telle toujours définitive. Que l’on parle de la vérité comme ” réel du réel ” ou comme expression de ce réel, une fois que l’esprit l’a comprise, elle est définitivement entendue. Si elle n’est pas définitive ainsi, c’est qu’il ne s’agit pas vraiment d’une vérité. Selon un second point de vue, la vérité ne désigne pas le réel profond, mais le discours qu’on porte dessus, toujours faillible car dépendant du langage, et imparfait car portant sur un monde mouvant. L’esprit humain ne peut saisir en une formule ni même par l’intuition un monde toujours indéterminé, et la vérité désigne davantage une démarche, qui n’est jamais fermée, qu’une proposition que l’on peut considérer comme acquise.
Ma problématique porterait ainsi sur la tension entre la vérité comme ” réel du réel “, que le sage cherche à atteindre, et l’expression de cette vérité. La vérité, entre énoncé et objet de recherche, peut-elle trouver les moyens de s’exprimer de manière définitive ?
I – Toute vérité assurée est aussi définitive.
II – Toutes les vérités ne peuvent être fixées définitivement ; la vérité est davantage une quête d’elle-même.
III – La vérité peut toujours être exprimée comme mystère et chemin, et fixée donc de manière définitive et atemporelle, mais qui nécessite que le sujet se l’approprie.
La première partie de la correction des annales de philosophie de 2018
Pour Platon la Vérité est dans le monde des Idées qui est un monde éternel portant les essences des objets que nous côtoyons ici-bas. Dans le mythe de la caverne (dans La République ) il explique comment l’homme peut, en se détournant de la caverne, c’est-à-dire du monde matériel où s’agitent des ombres, accéder au soleil des Idées. L’homme a alors une fois pour toutes été en contact avec la Vérité.
C’est en ce sens que Hegel a dit que ” la chouette de Minerve prend son envol au crépuscule ” : le philosophe ne peut recueillir qu’une totalité en fin de vie, auparavant la vérité n’existe pas car l’histoire n’a pas mené son mouvement à terme. On peut alors bien, puisque les faits sont connus dans leur entièreté, établir leur vérité de manière définitive. Mais cela est également possible pour les vérités n’appartenant pas au temps : ainsi des vérités religieuses. Pour les musulmans par exemple, le Coran fixe la vérité en matière métaphysique de manière définitive. Il en va de même de vérités scientifiques comme les grands énoncés mathématiques par exemple.
Il est très important d’apporter ce questionnement à la réflexion : qui sanctionne le caractère définitif d’une vérité ? Certaines vérités sont des vérités au sens subjectif, et non pas des vérités absolues ; Jean-Paul II dans Splendeur de la vérité affirmait ainsi qu’on peut être authentiquement et honnêtement dans l’erreur. Dès lors, le sujet peut parfaitement affirmer comme vérité ce qui n’est en réalité que véracité (vérité subjective) ; et quand il le fait il engage son affectivité dans son propos. La vérité est en ce cas définitive pour lui, même si elle ne l’est pas universellement.
La deuxième partie de la correction des annales de philosophie de 2018.
Comme disait Nietzsche, ” la vérité avance à pas de colombe ” ; la vérité est avant tout un élan vers la vérité, plutôt qu’un contenu fossilisé. Karl Popper, dans La logique de la découverte scientifique (1934), va encore plus loin : il parle pour un énoncé scientifique de ” critère de falsifiabilité ” ; en sciences, une proposition n’est vraie que si elle est potentiellement falsifiable, c’est-à-dire qu’elle est vraie dans la mesure où elle n’a pas encore été remise en question.
En sciences, des vérités peuvent être établies de manière définitive : si comme le disait Fontenelle le monde est en plus grand ce qu’une montre est en petit, des lois existent qui le régissent et ces lois sont connaissables. En philosophie en revanche, il est difficile d’établir des vérités ; toute vérité est dépendante d’un point de vue plus général sur le monde. En histoire, de même : la mémoire a tendance à voir les choses d’après le prisme des enjeux du présent ; établir une vérité de manière définitive met une barrière à une archéologie du passé toujours insatisfaite d’elle-même qui est l’horizon de la science historique.
C’est en tout cas ce que dit Nietzsche au long de son œuvre : tout est toujours en perpétuel devenir, et il est ainsi ridicule de vouloir essentialiser le monde. Vouloir fixer des vérités définitives, c’est se chercher, dans son vocabulaire, un ” arrière-monde ” pour fuir l’angoisse de l’éternel possible.
La troisième partie des annales de philosophie de 2018.
C’est toute l’ambition du courant de la philosophie analytique, mené en France par Jules Vuillemin, et dont un des plus éminents représentants est Ludvig Wittgenstein. Dans leur esprit, des vérités peuvent bien être exprimées de manière définitive, mais il faut au préalable procéder à une purification du langage, en évinçant par exemple tous les termes vides de sens, ou toutes les mauvaises connexions logiques. Toutes les vérités ne peuvent cependant être mises en mot : ” ce dont on ne peut parler, il faut le taire “, écrit Wittgenstein.
La Bruyère, dans ses Caractères, La Rochefoucauld, dans ses Maximes , ne veulent pas exprimer la Vérité toute entière, mais simplement des fragments de celle-ci, dans un style lacunaire qui ne délivre ainsi pas la vérité dans le contenu à proprement parler mais aussi dans le style de l’expression. C’est que la vérité n’est pas seulement rationnelle, elle est aussi, comme l’ensemble de l’expérience humaine, parée de mystère, et l’intuition indicible s’approche parfois davantage de la vérité qu’un enchaînement rigoureux de formules mathématiques.
La musique est un moyen d’exprimer une vérité de manière définitive : Vladimir Jankélévitch a ainsi écrit que la musique de Fauré permettait de comprendre l’idée de la mort. La poésie exprime aussi des vérités : le haïku japonais exprime ainsi le mujo , l’impermanence du monde… Vérité des vérités, puisqu’elle empêche l’existence de toutes les autres.
Voici un exemple de conclusion rédigée pour le corrigé des annales de philosophie de 2018.
En conclusion, toute vérité n’est pas définitive car la plupart sont toujours insuffisamment formulées. L’intellect humain, limité, ne peut jamais contenir en lui le réel. La vérité doit ainsi se donner comme un chemin, toujours à parcourir.
N’hésitez pas à consulter d’autres dissertations des annales de philosophie corrigées , ou le commentaire de texte corrigé des annales de philosophie de 2018.
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Dissertation entièrement rédigée en trois parties : I. Le mensonge sert nos intérêts individuels et collectifs, II. Nous avons le devoir de chercher la vérité pour y gagner notre liberté, III. Ce n’est pas la recherche de la vérité qui est blessante, mais son usage Commentaire du professeur : Excellent devoir, propos limpide et convaincant, à la fois simple et ambitieux, parfaitement progressif. Vous apportez une véritable réponse à la question posée. 19/20.
« La vérité est-elle bonne, et donc un devoir, ou doit-on accepter notre ignorance et nos illusions, au nom de la protection contre une vérité qui pourrait s’avérer nuisible ? »
La vérité est une valeur connotée positivement dans la plupart des domaines de notre existence : on proscrit et punit le mensonge de l’enfant, de l’homme politique, et on fait l’éloge de la « transparence ». Pourtant, le mensonge est un fait. Nous ne mentons pas juste pour nous protéger mais aussi pour protéger nos proches sur qui nous craignons les effets blessants de la vérité. Le statut de la vérité est donc paradoxal : valorisée, elle est aussi crainte. Cela explique l’attitude de l’un des personnages du film Matrix qui, après avoir pris connaissance de la réalité, demande à retourner dans l’illusion et l’ignorance d’où il vient. N’est-il pas en effet logique de préférer l’ignorance à une vérité inutilisable, voire nuisible ? Pourtant, ce personnage est aussi, dans le film, le plus immoral, celui qui trahit les autres au profit de son intérêt personnel. En effet, quel genre d’hommes serions-nous si nous renoncions à la recherche de la vérité au profit de notre satisfaction personnelle ? L’habilité à la compréhension et à l’explication du monde n’est-elle pas ce qui distingue l’homme de l’animal ? Cela signifie-t-il que la vérité est un devoir absolu ? Qu’il faut la chercher à tout prix ? Le mensonge et le secret ne sont-ils pas nécessaires au bon fonctionnement des sociétés ? Dès lors, le citoyen n’a-t-il pas le devoir de ne pas toujours chercher la vérité et d’accepter que tout ne lui soit pas dit ? Ainsi, s’il existe un devoir de dire la vérité, nous voyons qu’il pose problème, tant dans sa mise en œuvre que dans ses effets. C’est pourquoi nous nous demandons si nous avons le devoir de chercher la vérité. La vérité est-elle bonne, et donc un devoir, ou doit-on accepter notre ignorance et nos illusions, au nom de la protection contre une vérité qui pourrait s’avérer nuisible ?
Nous verrons dans un premier temps que nous n’avons pas le devoir de chercher la vérité car le mensonge, le secret servent souvent nos intérêts individuels et collectifs. Mais, justement parce qu’elle n’est pas toujours bénéfique, ne s’impose-t-elle pas comme un devoir moral ? Peut-on le suivre à tout prix ?
La vérité est une valeur fondatrice de nos sociétés. Pourtant, nous nous en méfions aussi. La révélation de la vérité est souvent violente : nous sommes sortis brutalement de nos illusions et de notre ignorance qui constituaient un voile protecteur. C’est pourquoi nous faisons un usage fréquent du mensonge. Il sert parfois à nous protéger nous-mêmes : nous dissimulons une vérité qui pourrait nous nuire et souhaitons alors que les autres ne cherchent pas cette vérité que nous cachons. Mais nous savons alors que ce n’est pas justifiable. En revanche, il peut sembler plus légitime de ne pas chercher une vérité blessante. À quoi bon chercher une vérité qui peut nuire ? Au contraire, nous devons alors ne pas la chercher. Pascal arrive à cette conclusion dans les Pensées. Le fondement du droit n’est pas la justice véritable mais les mœurs. Nous avons le devoir de ne pas chercher la vérité sur l’origine du droit car cela risque d’en mettre en péril la fonction de pacification de la société, si était révélée l’illégitimité de son origine. Chercher la vérité n’est donc pas un devoir : lorsqu’elle est nuisible il faut au contraire la maintenir cachée.
Ainsi, toute société s’organise sur la base d’une dose de mensonge, de secret. L’apprentissage de la politesse est l’apprentissage d’une forme d’hypocrisie dans laquelle on ne doit pas dire toute la vérité et on ne doit pas la chercher non plus. La question « Ça va ? » n’appelle ainsi jamais de réponse sincère mais est simplement formelle. Pour que les relations sociales soient apaisées, mieux vaut que nous ne sachions pas toute la vérité sur ce que les autres pensent de nous. Le citoyen ne doit pas non plus chercher à connaître les vérités que la raison d’État autorise à garder cachées. Ainsi, dans Le Livre du philosophe , Nietzsche explique que l’instinct de vérité n’est pas naturel chez l’homme. Celui-ci est plutôt spontanément tourné vers la ruse qui lui permet de survivre. S’il développe un amour de la vérité, c’est dans un second temps, car elle lui est utile pour vivre avec ses semblables. La vérité n’est donc intéressante que si elle est utile. Nous préférons le mensonge ou l’ignorance à une vérité nuisible ou inutile.
On ne doit donc pas toujours chercher la vérité car celle-ci n’est pas nécessairement bonne. Elle peut être inutile ou nuisible et alors notre quête de vérité sera vaine. Toutefois, cela ne signifie pas que ce ne soit pas notre devoir. Le devoir désigne en effet ce que l’on s’impose à soi-même au nom de valeurs et non de ses intérêts. N’avons-nous alors pas le devoir de chercher la vérité ?
Chercher la vérité, c’est, en effet, essayer de comprendre et d’expliquer le monde dans lequel nous vivons. Seul l’homme est en mesure de produire un discours scientifique qui lui permet de décrire, d’expliquer et de comprendre la nature et le monde qui l’entourent. Grâce à cette vérité, nous pouvons dominer la nature, la transformer et finalement nous en libérer. Sans ce travail de recherche de la vérité, l’homme resterait à l’état animal : partie d’une nature qu’il subirait. Grâce à la science au contraire, l’homme parvient à s’en extraire. Nous avons donc le devoir de chercher la vérité pour y gagner notre liberté. Ce n’est pas un devoir désintéressé, mais une nécessité qui s’impose à nous car notre existence d’êtres humains en dépend. Ainsi, dans la République , Platon montre dans l’allégorie de la caverne comment l’homme passe de son état de prisonnier ignorant et bercé d’illusions à celui d’homme libre en accédant au savoir, symbolisé par la sortie de la caverne, et l’accès au soleil et à sa lumière. Nous avons donc le devoir de chercher la vérité qui nous libère.
Mais ce n’est pas seulement parce qu’elle est utile que la vérité est un devoir. C’est aussi parce qu’elle est bonne, moralement. Ce n’est pas juste un outil, c’est aussi une valeur liée à notre humanité : la recherche de la vérité est un devoir parce que, justement, elle peut être nuisible, elle apporte la preuve de notre capacité proprement humaine à ne pas seulement être attachés à des intérêts, à ne pas nous contenter de suivre notre instinct de survie. C’est ce qu’explique John Stuart Mill dans L’Utilitarisme : « Il vaut mieux être Socrate malheureux qu’un imbécile heureux », un homme insatisfait qu’un porc satisfait. Parce qu’elle peut nous nuire, ne devons-nous pas pour autant renoncer à la recherche de la vérité au nom du bonheur que procurent les illusions et l’ignorance ? C’est notre dignité d’être humain qui est en jeu dans la recherche de la vérité et l’amour de la connaissance.
Nous avons donc le devoir de chercher la vérité : c’est un devoir moral car là se jouent notre liberté et notre dignité, notre condition d’être humain. Mais un devoir moral est une règle absolue. Il vaut en toutes circonstances. Avons-nous le devoir de chercher ainsi la vérité à tout prix ? Est-il possible de mettre ce devoir en œuvre s’il me nuit, à moi et aux autres ? Comment faire donc pour rendre ce devoir compatible avec la réalité ?
Chercher la vérité est un devoir mais, on l’a vu, elle peut être blessante. Or la finalité du devoir moral est d’être mis en œuvre concrètement. Comment faire pour respecter ce devoir s’il peut nuire ? Il y a toutefois là un paradoxe : la vérité peut être blessante mais nous ne le savons qu’une fois que nous l’avons trouvée. Tant que la vérité n’est pas connue, elle ne peut être blessante et donc on peut difficilement trouver là un argument pour ne pas la chercher. De la même manière, une fois qu’elle est connue, ce n’est pas en elle-même qu’elle peut s’avérer dangereuse, mais selon ce que l’on en fait. Le problème des effets négatifs de la vérité ne concerne donc pas tant la recherche de la vérité que son utilisation. Ainsi, selon le mot de Einstein dans sa correspondance, la découverte de la fission atomique et du nucléaire n’est pas plus dangereuse que l’invention des allumettes. Tout est fonction de qui utilise ces découvertes, pour quoi et comment. Nous avons donc le devoir de chercher la vérité car elle n’est pas en elle-même dangereuse.
Cela signifie que ce devoir, dans sa mise en œuvre, doit être associé à des règles qui concernent ce qu’on fait, comment on la dit. Ce qui est nuisible ce n’est donc pas la vérité trouvée mais la vérité révélée. La brutalité de la révélation que nous avons évoquée plus haut concerne ainsi le dévoilement de la vérité une fois qu’elle est connue. Dans Des réactions politiques , Benjamin Constant montre ainsi que toute règle morale doit s’accompagner de règles secondaires, rendant son application possible. On ne peut ainsi suivre aveuglément le devoir de dire la vérité sans réfléchir à qui a droit à cette révélation (par exemple, pas celui qui va l’utiliser contre quelqu’un). De même, nous disons que nous n’avons donc le devoir de chercher la vérité qu’à condition de savoir comment la révéler.
Nous avons donc le devoir de chercher la vérité. Certes, elle peut être dangereuse ou nuisible. Mais nous n’en savons rien tant que nous ne l’avons pas cherchée et il en va de notre liberté et de notre dignité d’hommes de ne pas nous contenter de douces illusions. D’ailleurs, nous ne savons pas si elle est blessante tant que nous ne l’avons pas trouvée. Nous avons donc le devoir de la chercher mais aussi celui de réfléchir à ce qu’il en advient quand nous l’avons trouvée.
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I - Toute vérité n'est pas bonne à dire
Platon, le Mythe de la caverne, la République. La vérité peut blesser les prisonniers de la caverne habitués à prendre le reflet des choses pour les choses elles-mêmes. Il y a un code à respecter dans la progression de la vérité intelligible à atteindre chez celui qui confond vérité empirique avec la Vérité.
La vérité peut-être brutale pour celui qui l'énonce : référence possible, Pascal les Pensées
la vérité peut parfois être nuisible en particulier dans le domaine politique. La vérité doit parfois s'allier au mensonge dans le but de préserver l'équilibre d'une société, c'est pourquoi le secret est admissible, on peut à cet égard évoquer la raison d'Etat.
C'est dans la recherche de pouvoir que l'on comprend le mieux à quel point la vérité suppose le discernement. La vérité est rarement bonne à dire dans le domaine politique c'est pourquoi Machiavel conseille au Prince de ne pas tenir sa promesse « un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible et que les raisons qui l'on déterminé à promettre n'existent plus ». Le Prince, chapitre 18
Mais si la vérité n'est pas toujours bonne à dire, voire parfois nuisible tant au niveau individuel qu'au niveau collectif, devons-nous pour autant la taire ? N'avons-nous pas le devoir moral de toujours dire la vérité dès l'instant où nous vivons en communauté, en société ? N'est-ce pas ce qui est le plus utile pour nous ?
II – Devoir moral = il faut toujours dire la vérité
La vérité doit-être envisagée à un niveau plus pragmatique. Elle est utile et permet d'établir des relations sociales fondées sur le respect mutuel des individus = référence possible, Karl Marx, Critique de la philosophie du droit hégelien
Mais ce qui est bon est-il forcément utile ? Quelle est notre priorité ? Référence possible, Mill, l'utilitarisme. Choisir le bon sur l'utile
Kant , Fondements de la métaphysique des mœurs : Il faut toujours dire la vérité et la préférer aux conséquences possibles. La vérité est un devoir de vérité et l'homme doit toujours faire son devoir. Kant parle à propos de la vérité, « d'un devoir sacré de la raison » dans son opuscule, Sur un prétendu droit de mentir par humanité.
Mais si l'homme doit toujours préférer la vérité au mensonge, n'y a t'-il pas un moyen terme entre les deux et une manière de dire ?
III – L'art et la manière de dire la vérité
En fonction des domaines auxquels la vérité s'applique, il faut trouver la bonne manière de dire la vérité car la parole supposant l'acte, on ne peut de manière inconsidérée et sous prétexte d'un devoir de vérité, dire la vérité sans réfléchir aux conséquences
Une autre question doit-être envisagée = est-il bon pour l'autre de lui dire la vérité ? Le discernement est à ce niveau indispensable. Si le fait de dire une vérité qui ne sert à rien attriste une personne, à quoi bon la dire ? Si l'information est neutre mais peut faire mal, pourquoi dire la vérité nuisible pour l'autre ? Dans un autre contexte et avec la manière, le médecin à l'obligation de dire à son patient la vérité sur son état de santé car il a un devoir d'honnêteté.
L'art et la manière de dire supposent donc du discernement dans le devoir d'informer et de dire la vérité. Il faut considérer l'intérêt de celui auquel on avoue la vérité mais il est clair qu'elle n'est pas toujours bonne à dire.
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En quel sens parlons nous de vérité , qu’est ce que dire vrai .
La vérité désigne le plus souvent la conformité des paroles dites ou des récits entendus avec ce que nous savons ou croyons savoir. ” la première signification de vrai et de faux semble avoir tiré son origine des récits ; et on a dit vrai un récit quand le fait narré était réellement arrivé ; faux quand le fait raconté n’est arrivé nulle part. Plus tard les philosophes ont employé ce mot pour désigner l’accord ou le non-accord d’une idée avec son objet ; ainsi, on appelle vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même ; fausse celle qui montre une chose autrement qu’elle est en réalité”, remarque Spinoza dans ses Pensées métaphysiques . On dit “c’est vrai”, “c’est faux” à propos de paroles, de récits. Et l’obligation de dire la vérité est ce qui rend possible les rapports de confiance entre les hommes.
Une parole ne se contente pas d’être un constat véridique de ce qui est. Il peut peut aussi s’agir d’une promesse qui engage pour l’avenir. La vérité d’une parole est alors une exigence éthique : elle s’oppose au mensonge. C’est dans un sens dérivé qu’on peut la qualifier de “vraies” des idées, et il ne convient que par métaphore de parler de vérité à propos des choses ; ainsi “nous disons de l’or vrai ou de l’or faux, comme si l’or présenté racontait quelque chose sur lui-même”, poursuit Spinoza.
La vérité d’une idée signifie sa conformité avec la réalité. Mais qu’entend-on par réalité ?
Dire qu’une chose est vrai signifie souvent qu’elle a eu lieu, que c’est un fait avéré. Mais doit-on concevoir la réalité seulement comme ce qui relève de l’expérience sensible ? La définition de la vérité dépend de la conception qu’on se fait de la réalité. Platon , considère que la réalité est le propre des Idées que seul l’esprit peut atteindre, et refuse d’accorder aux choses sensibles, changeantes et temporelles.
On peut distinguer deux types de vérités : les vérités de raison qui renvoient aux idées, objets de la pensée ; les vérités de fait qui peuvent faire l’objet d’une expérience sensible. Le soleil se lève tous les matins : c’est la réalité que l’on constate avant de pouvoir l’expliquer par la raison . Le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés : voilà une vérité que la raison doit démontrer. La vérité des faits et des idées se distingue encore de la vérité “sensible au cœur” ( Pascal ) dévoilée par Dieu au croyant.
L’opposition de la vérité révélée et de la vérité rationnelle est représentée dans deux fresques peintes par Raphaël au Vatican. D’un côté la vérité révélée apparaît comme une lumière divine, transcendante tombant du Ciel pour éclairer les hommes. La “splendeur de la vérité” qui illumine les hommes symbolise la foi chrétienne dont la doctrine s’expose dans les textes sacrés et dans les écrits des docteurs de l’Eglise.
Mais il existe aussi une vérité que l’on recherche à l’aide de la lumière naturelle. La fresque intitulée L’Ecole d’Athènes réunit philosophes et savants de l’Antiquité qui recherchent la vérité accessible par la raison humaine. La vérité mathématique qui s’expose dans les Eléments d’Euclide est son modèle. La philosophie propose deux approches de la vérité. Platon désigne le ciel, lieu des vérités immuables par opposition aux apparences sensibles, comme pour dire que la vérité ne réside pas en ce monde. Aristote au contraire montre la terre où diverses réalités s’offrent aux sens dont la raison ne doit pas s’éloigner afin de dégager la vérité par induction à partir de leur observation. De quelle manière peut donc se manifester la vérité : la révélation ou la tradition ? la raison ou l’expérience ? Et est-il possible d’atteindre la vérité d’une seule manière ?
Illusion et savoir.
Platon décrit avec l’ Allégorie de la caverne la difficile découverte de la vérité. La situation des prisonniers enchaînés dans la caverne, ne voyant que des ombres qu’ils prennent pour des réalités, symbolise leur illusion. Même si l’on suppose qu’on libère l’un de ces prisonniers de ses chaînes, la quête de la vérité s’avère pénible : il faut qu’il prenne conscience de son ignorance pour quitter son univers de croyances et qu’il ose s’aventurer seul. Car même si on le guide pour cette quête, la vérité ne se révèle qu’à un esprit prêt à le recevoir la vérité. En fait on ne la reçoit jamais, on la découvre soi-même par un effort de la pensée.
La vérité caractérise les essences immuables, les Idées. Elle existe indépendamment de l’esprit qui la découvre. L’acte par lequel la vérité est découverte est comparable à la vision. Mais le soleil qui éclaire peut aussi éblouir et aveugle : il faut donc qu’une pédagogie préparer l’esprit à recevoir la vérité.
L’allégorie de la caverne oppose les Idées vraies aux existences sensibles, qui ne sont que leurs images, bien moins réelles qu’elles. Mais pour Platon, la connaissance de la vraie beauté, du vrai bien, de la vraie justice, nous permet de reconnaître la beauté, le bien, le juste ou l’injuste de ce qui se présente.
Pour savoir, par exemple, si de l’or est vrai ou faux, il faut savoir distinguer l’or authentique du toc. Le vrai, dit Spinoza, “est l’indice même du faux”. Il y a de connaissance possible que par la vérité, et c’est elle seule qui nous permet de reconnaître rétrospectivement l’erreur de l’illusion : l’or ne peut être reconnu faux que par un connaisseur qui sait ce qu’est l’or véritable.
La cohérence logique.
C’est par l’usage de la raison dans le langage ( logos en grec signifie à la fois raison, langage et discours) que les hommes cherchent à atteindre une vérité. L’accès à la vérité. L’accès à la vérité se complique par la pluralité des discours sur l’être : l’être “se dit de manière multiple”, écrit Aristote .
La logique fournit un critère de la vérité d’un raisonnement : en examinant quelle doit être la forme d’un discours correct, on peut repérer la fausseté de certains discours pour les réfuter. Mais la cohérence formelle d’un discours n’est pas un critère suffisant de sa vérité. Un raisonnement qui ne se présente aucune contradiction est valide, mais il n’est que formellement vrai.
Pour ne pas se contenter d’un critère formel, on définit la vérité comme l’adéquation de l’idée à la chose. La vérité définit une relation de représentation adéquate. Cependant, pour savoir qu’une représentation est vraie, il faudrait connaître l’objet représenté ; or on ne peut le connaître qu’à partir de l’idée que l’on en possède. Le vrai s’éprouve sans pouvoir se vérifier.
La science peut servir de modèle de la connaissance vraie. Mais la science peut-elle seule atteindre la vérité ? Ne doit-on pas “limiter le savoir pour laisser une place à la croyance”, comme l’affirme Kant dans la Critique de la raison pure ?
Une certitude peut être trompeuse : “certitude, mauvaise marque de vérité”, note Pascal. La certitude est subjective, elle peut porter sur une opinion fausse. Mais on peut toujours en douter. L’évidence d’une vérité n’est pas son caractère certain : il y a évidence, pour Descartes, quand une idée s’impose clairement et distinctement à l’esprit ; un esprit peut donc être certain, alors que c’est l’idée qui lui est évidente. face à l’évidence, l’esprit reçoit le vrai comme une vision : évidence vient du latin viderer , voir.
Pour Descartes , la première vérité se découvre quand la certitude de l’esprit rencontre l’évidence de l’idée, par la reconnaissance de l’existence du sujet pensant par lui-même. L’évidence est la manière dont une subjectivité consciente éprouve le vrai, tout en reconnaissant la valeur objective de sa représentation. Le Je pensant, découvert par Descartes à l’issu du doute, est la première vérité. C’est aussi la condition de toute vérité.
On peut reprocher à l’évidence de n’être qu’un critère subjectif de la vérité. L’objectivité permet à une vérité d’être reconnu universellement, la subjectivité rend possible la connaissance. Il y a une vérité objective que pour un sujet connaissant.
Pour Descartes, la vérité du savoir est garantie par un fondement métaphysique : Dieu, tout-puissant et non trompeur, créateur des vérités. Mais Kant refuse un fondement théologique de la vérité. Un savoir est ce qui peut être vérifié dans l’expérience. Sinon la vérité serait l’affirmation d’une croyance ou d’un dogme.
Cependant, Kant distingue le sujet transcendantal, forme universelle de la connaissance, de l’existence individuelle du penseur. La vérité subjective consiste en l’affirmation par une subjectivité de ce qui lui importe comme la certitude morale de la liberté. Une vérité subjective est un pari où la subjectivité s’engage avec passion.
La définition de la vérité est embarrassante : réside-t-elle dans l’évidence de l’idée ? Dans la cohérence de la pensée ? Dans la conformité des discours à la réalité ? Dans la possibilité qu’une théorie soit vérifier par l’expérience ? Le scepticisme nie la possibilité d’atteindre la vérité. Le dogmatisme, à l’inverse, affirme une vérité de manière absolue. La vérité est un idéal qui ne peut être atteint qu’en se méfiant de nos certitudes subjectives, dont on doit douter. La garantie de la vérité a longtemps a longtemps reposé sur un postulat théologique, mais l’accès à un savoir vrai suppose qu’on cesse de croire. Toutefois, même si on considère que la recherche de la vérité ne relève que de la science, il faut admettre que c’est le sujet qui constitue la vérité objective.
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France métropolitaine 2018 • Dissertation de série ES
phiT_1806_07_03C
France métropolitaine • Juin 2018
dissertation • Série ES
Toute vérité est-elle définitive ?
Les clés du sujet
« Toute » est ici un adjectif qui signifie « sans exception ». Il donne à notre sujet une extension maximale. Il ne s'agit pas d'une vérité ou de la vérité mais de la totalité de ce qui est appelé vérité.
On entend généralement par vérité l'accord de l'idée avec la chose qu'elle représente. La vérité n'est donc pas identique au réel, elle suppose une relation entre l'esprit et ce qu'il définit.
« Définitif » a pour synonymes « déterminé », « irrémédiable » ou « irrévocable ». Est définitif ce qui est fixé de façon telle qu'il n'y ait plus à y revenir. On voit ainsi que ce terme implique une relation au temps qui s'avère être complexe. Une vérité définitive demande peut-être du temps pour être découverte, mais elle est intemporelle au sens où le cours des événements ne saurait la modifier.
La problématique.
La problématique apparaît dans la relation de la vérité au temps. Le sujet parle de « toute » vérité, ce qui nous incite à distinguer des genres de vérité. Cependant, l'adjectif « toute » désigne aussi les caractéristiques essentielles de tout ce qui se présente comme une vérité. Est définitif ce qui ne peut être modifié et qui donc échappe au temps. Or, si toute vérité est un accord avec le réel, il est manifeste que celui-ci est changeant. Faut-il alors distinguer des vérités immuables et temporaires ? Dans ce dernier cas, s'agit-il encore de « vérités » ?
Dans un premier temps, on marque la différence entre vérité et opinion pour mettre en lumière l'importance de la relation de la vérité au temps.
Une deuxième étape sera consacrée à la différence entre les vérités de raison et les vérités de fait.
La troisième partie réfléchira à la vérité scientifique et au rôle de la subjectivité dans ce domaine.
Il ne faut pas réduire le sujet à une dissertation générale sur la vérité en ignorant le rapport au temps.
Les titres en couleurs et les indications entre crochets servent à guider la lecture mais ne doivent pas figurer sur la copie.
La vérité n'est pas la réalité mais la propriété d'un jugement. Les faits ne sont en eux-mêmes ni vrais ni faux. C'est ce que l'on affirme ou nie à leur sujet qui peut l'être. Nous avons coutume d'associer à toute vérité l'idée d'objectivité pour l'opposer à l'opinion. Celle-ci est tenue pour changeante et donc jamais définitive, à l'inverse de la vérité qui paraît immuable. N'est-il pas toutefois possible d'envisager que certaines vérités ne soient pas irrévocables ? Le réel évolue, les jugements portés à son sujet sont donc susceptibles de ne plus être vrais. Mais dans ce cas, peut-on encore parler de vérité ? Il importe de clarifier le sens du mot vérité et de saisir ses relations avec la temporalité de notre condition pour répondre à la question posée : toute vérité est-elle définitive ?
A. la pensée d'opinion.
Il est souvent utile de définir une notion en l'opposant à une autre qui lui est proche.
Au livre V de La République , Platon définit l'opinion comme une pensée instable car dénuée de fondement rationnel. L'opinion « roule », « flotte », c'est un jugement qui varie selon les circonstances extérieures et les humeurs de celui qui l'émet. La doxa est un ensemble disparate d'idées peu réfléchies qui expriment les émotions ou les préjugés de leurs auteurs. Les sondages en sont la preuve. La même question obtient des réponses différentes selon le moment où elle est posée. Il semble donc impossible de parler d'une opinion définitive. Il nous arrive de dire que notre opinion « est faite », mais nous pouvons en douter car ce type de pensée est par essence voué au changement. Cela n'exclut pas qu'une opinion puisse être vraie. Dans le Ménon , Platon définit « l'opinion droite » comme une pensée qui tombe juste sans pouvoir démontrer ce qu'elle avance. Même « droite », l'opinion est mouvante, semblable en cela aux statues de Dédale dont la légende disait qu'elles se mettaient en marche pendant la nuit.
Une citation doit être expliquée pour que sa place soit justifiée.
Il s'ensuit que la vérité est d'une autre nature que l'opinion. Une pensée vraie est définie par son immuabilité due au fait qu'elle est démontrée . Une démonstration est, selon Leibniz, « un raisonnement par lequel une proposition devient certaine. Ce qui arrive chaque fois que l'on montre à partir de quelques suppositions qui sont posées comme assurées que celle-là s'ensuit nécessairement ». Une proposition est une déclaration qui affirme ou nie quelque chose au sujet de quelque chose. Elle peut donc être jugée vraie ou fausse selon son sens ou selon la conformité avec ce qu'elle désigne. La démonstration est alors un enchaînement de propositions qui doit aboutir à une et une seule conclusion. L'alliance de la vérité avec ce qui est définitif est donc très forte. Ce qui est nécessaire ne peut être autrement qu'il n'est. C'est irrévocable car les relations logiques sont intemporelles . On peut dire qu'il est vrai que telle proposition est fausse quand on a la certitude que rien ne pourra modifier ce jugement.
[Transition] Cette première partie n'est cependant pas suffisante. N'y a-t-il de vérité que dans le cadre de la démonstration ?
A. vérité de raison et vérité de fait.
Aristote soutient que seule une proposition est susceptible d'être démontrée. Cela ne signifie pas que toutes puissent l'être. Si je dis : « une cigogne est sur le toit de ma maison », j'affirme quelque chose au sujet d'un état du réel. Ma proposition est vraie sans être démontrée car elle se fonde sur une perception sensible. Je décris ce que je vois présentement. Deuxièmement, sa vérité est temporaire . Il y aura un temps où cette cigogne ne sera plus sur le toit. Ce point donne lieu à la distinction entre vérité de raison et vérité de fait . La première est issue de la démonstration comme, par exemple, le théorème de Pythagore. Il est impossible que le carré de l'hypoténuse ne soit pas égal à la somme des carrés des deux autres côtés. La seconde est contingente . La cigogne aurait pu ne pas être sur le toit au moment où je l'ai vue. La proposition opposée était donc possible. Ce qui est du domaine sensible est temporel, donc transitoire, mais ce que je dis est vrai au moment où je le ressens. Leibniz parle à ce sujet de vérités « particulières et individuelles », qu'il distingue des vérités « nécessaires et éternelles ».
Choisissez un exemple pour illustrer votre thèse.
Une vérité de fait reste cependant une vérité. C'est la nature de la proposition qui doit changer. La temporalité et la contingence peuvent aller de pair avec une vérité, pourvu que la chose soit correctement formulée. En ce sens, il est toujours possible de dire que toute vérité est définitive . Il sera toujours vrai que cette cigogne a été tel jour à telle heure sur le toit de ma maison. C'est irrévocable et ce point est très important. Pensons au statut de la vérité historique . Arendt rappelle qu'il y a une réalité des faits qui doit être connue et conservée. Ainsi, il sera toujours faux de soutenir que la Belgique a envahi l'Allemagne en 1914. Certes, l'interprétation est inévitable et nous savons que les historiens peuvent diverger sur l'importance d'un événement. Il reste que la sauvegarde des vérités de fait est capitale sous peine de faire basculer l'histoire dans la fiction. Définir la vérité par l'accord de l'idée et du réel sensible aboutit ainsi à mettre en valeur le rôle de l' esprit dans sa relation au temps. Les faits sont temporels donc passagers, l'esprit dit ce qui est et a été. Les historiens immortalisent les événements en les transformant en objets d'un récit. Hegel écrit qu'ils les déposent dans le temple de Mémoire, la mère des Muses.
[Transition] Il y aurait donc deux types de vérité ayant en commun la propriété d'être définitive. Existe-t-il des vérités qui n'aient pas ce caractère ?
A. la vérité scientifique.
La vérité scientifique passe pour le modèle de toute objectivité. Les sciences font des hypothèses, expérimentent, et varient leurs protocoles avant de formuler une conclusion. La vérité d'un énoncé est le stade terminal d'une enquête. Ainsi, une proposition vraie demande du temps pour être établie mais ce qu'elle formule prétend valoir intemporellement. Platon estime que les travaux du géomètre débouchent sur la contemplation des propriétés éternelles des figures. Or les sciences modernes intègrent dans leurs résultats les conditions de leur démarche et soulignent l'extrême complexité du réel. Bachelard écrit qu'elles ne connaissent ni « échec radical » ni « succès définitif ». Les sciences sont une activité jamais achevée, elles progressent en rectifiant leurs erreurs. Ceci n'annule pas la différence entre vérité et opinion. Des énoncés scientifiques ont une rigueur mais ils restent conditionnels et, à ce titre, relatifs donc non définitifs. Ils sont vrais tant que les déterminations qui les conditionnent ne changent pas. Même le théorème de Pythagore est relatif à une certaine géométrie.
Nous sommes ainsi en plein paradoxe. C'est au cœur des sciences que le caractère définitif des vérités est problématique car elles prétendent dire vrai au sujet du réel. Cela nous oblige à réfléchir au rôle de la subjectivité dans la position des vérités. Nous sommes des êtres temporels et, à ce titre, nos jugements sont marqués par notre finitude. Un jugement définitif marque donc une volonté de résister au temps. Descartes le montre lorsqu'il affirme que « cette proposition : je suis, j'existe, est nécessairement vraie toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois dans mon esprit ». Le doute méthodique a suspendu la croyance aux choses sensibles et même aux vérités mathématiques mais je ne peux douter d'être tant que je pense. C'est du sein de ma temporalité que je découvre, par une méditation, une vérité intangible qui requiert une présence de l'esprit à lui-même. L'identité de la pensée et de mon existence est indubitable. Dans un autre domaine, la vérité du croyant est obtenue par un acte de foi mais elle se présente aussi comme une certitude subjective . La foi est, selon Pascal, « Dieu sensible au cœur, non à la raison ». À ce titre, un croyant peut estimer que l'existence de son Dieu est une vérité irrévocable même s'il ne peut la démontrer. Dans les deux cas, le caractère définitif de la vérité énoncée est dû à la qualité d'un acte de l'esprit.
En conclusion, il apparaît qu'il existe des vérités non définitives dans les sciences car elles cherchent à connaître objectivement le réel, ce qui ne peut se faire que de façon conditionnelle et fragmentaire. Cela étant, même un fait passager et contingent peut donner lieu à une vérité irrévocable pourvu que la proposition qui l'énonce soit correcte. Dans ce cas, l'aspect définitif de la vérité ne vient pas des choses désignées mais de l'adéquation de ce qui est dit au réel. Enfin, il est possible de donner à une certitude subjective une valeur définitive.
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Cette dissertation vise à explorer la complexité de ce débat en examinant d'abord la notion de vérité et ses implications éthiques, puis en évaluant les arguments en faveur et contre l'idée de dire la vérité à tout prix, et enfin, en réfléchissant à la faisabilité d'une société entièrement basée sur la vérité.
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La quête de la vérité est le but même de la philosophie. Le Vrai constitue pour Platon, avec le Beau et le Bien, une valeur absolue. Mais qu'est-ce que la vérité et comment y accéder puisqu'on ne peut la confondre avec la réalité ?
René Descartes, biographie, citations, oeuvres principales, courant, système philosophique : Fiche auteur bac terminale -Textes de référence sur le thème de la vérité en philosophie - lexique de définitions, la raison et le réel.
LA VERITE. BIBLIOGRAPHIE : Références majeures : . ANSELME, De la vérité. ARENDT, La crise de la culture (« Vérité et politique ») ; Du mensonge à la violence (« Du mensonge en politique »).
Voici le corrigé détaillé des annales du bac de philosophie de 2018 sur le sujet "Toute vérité est-elle définitive ?", avec de nombreux conseils.
Dissertation entièrement rédigée en trois parties : I. Le mensonge sert nos intérêts individuels et collectifs, II. Nous avons le devoir de chercher la vérité pour y gagner notre liberté, III. Ce n'est pas la recherche de la vérité qui est blessante, mais son usage.
Dans un premier temps, on peut constater que chercher la vérité est nécessaire pour nous sortir de l'ignorance (dont nous devons prendre conscience) et de la croyance aveugle envers les histoires et les mythes qui répondent habilement à nos questions, sans pour autant être fondées sur la réalité.
La vérité dissertation philo. Cours de philosophie terminale sur la vérité. Matière. Philosophie. 999+Documents. Les étudiants ont partagé 2857 documents dans ce cours. Diplôme • Classe. Bac Général. • Terminale. Lycée - France. Année académique :2020/2021. Partagé par: Étudiant Anonyme.
[Définition des termes du sujet] La vérité désigne en un premier sens la correspondance entre l'idée et la chose, c'est-à-dire l'adéquation d'un discours ou d'une représentation à la réalité. On distingue pourtant les vérités formelles propres à la logique des vérités matérielles portant sur la réalité. Le pluriel nous invite ...
Sujet de la dissertation de philosophie, Pondichéry, 2017, série L : sujet corrigé en ligne sur dubrevetaubac.fr . Toute vérité est-elle bonne à dire?
Selon la discipline, des philosophes différents pourront nous éclairer sur la notion exigeante de vérité. Comme dans de nombreux domaines de la philosophie (et donc de la vie), la réponse apportées à ces questions ne peut être ni tout à fait blanche, ni tout à fait noir.
L'une d'elles, Aïda N'Diaye, vous propose ce corrigé d'un sujet de dissertation sur deux grands thèmes du programme de terminale : le bonheur et la vérité.
La fresque intitulée L'Ecole d'Athènes réunit philosophes et savants de l'Antiquité qui recherchent la vérité accessible par la raison humaine. La vérité mathématique qui s'expose dans les Eléments d'Euclide est son modèle. La philosophie propose deux approches de la vérité. Platon désigne le ciel, lieu des vérités ...
Le sujet parle de « toute » vérité, ce qui nous incite à distinguer des genres de vérité. Cependant, l'adjectif « toute » désigne aussi les caractéristiques essentielles de tout ce qui se présente comme une vérité. Est définitif ce qui ne peut être modifié et qui donc échappe au temps.
La vérité fait partie des notions à connaître pour réussir l'épreuve de philosophie au Bac L. Après vous être entraîné sur l'exercice proposé, vérifiez vos réponses grâce à notre fiche de...